Madame la Présidente,
Le 21 Avril dernier, le Journal du Centre a publié un
compte-rendu de votre intervention devant une assemblée de membres du « cluster » éolien et des
collectivités à Longvic.
Au cours de
cette intervention, vous
avez déclaré : « Je
suis inquiète face
à l’intolérance d’organisations
qui sont très
structurées », et qui
font échouer bon
nombre de projets. Vous visiez ainsi les associations
de lutte contre les industriels de l’éolien, associations qui se multiplient dans
la Nièvre et la Saône-et-Loire comme ailleurs en Bourgogne et dans toute la
France.
Cette déclaration
est inacceptable.
D’abord, comme vous le savez, la décision finale concernant
chaque projet revient à l’Etat, représenté par le Préfet de département.
Mettriez-vous en doute la pertinence des décisions de l’Etat lorsque ses
services refusent d’accorder des permis ?
D’autre part, si nombre de projets échouent, c’est bien
souvent suite à des décisions de justice. Auriez-vous oublié que nous vivons
encore, en principe, dans un régime de séparation des pouvoirs et d’indépendance
de la Justice ?
Enfin, il est
inacceptable qu’une élue
désigne ainsi à la vindicte
publique, pour «intolérance » et capacité à former des « organisations très structurées » (on
n’est pas loin de la « bande organisée »
!...) des citoyens qui donnent énormément de leur énergie, de leur
temps, de leur argent (établissement de dossiers, tracts, courriers, frais
d’avocat, etc.) pour défendre ce qu’ils estiment être une juste cause, et qui
n’ont à attendre aucune « retombée » financière de leur action.
En revanche, parmi ces maires que vous présentez comme de
pauvres victimes qu’il faudrait secourir, un certain nombre, pour ne pas dire
un nombre certain, ont des intérêts personnels d’ordre financier dans les
projets. Heureusement, beaucoup d’autres
élus, dans beaucoup de
communes, refusent de
céder à la pression des industriels du vent.
Allez-vous ésormais les y contraindre ?
« Intolérance »,
dites-vous. Mais que vaut-il mieux, notre intolérance, ou au contraire une trop
grande tolérance ?
-Tolérance à la dénaturation irréversible des paysages
naturels (qui font la réputation de la France) et des sites historiques, au
prétexte que « l’esthétique, c’est subjectif »,
-Tolérance à la
destruction d’écosystèmes propices à la
sauvegarde de la biodiversité, que vous prétendez
protéger,
-Tolérance aux nuisances sonores et visuelles et aux risques
pour la santé (problème des infrasons désormais avéré, malgré le silence
officiel) que devront supporter les riverains,
-Tolérance à la
perte de valeur du patrimoine
immobilier de ces mêmes riverains (perte avérée, malgré le déni des
industriels de l’éolien),
-Tolérance à la déchirure du tissu social des villages,
entre victimes et bénéficiaires du système.
Et peut-être plus grave encore,
-Tolérance aux promesses
mensongères du lobby
international de l’éolien,
à la surestimation constante des résultats énergétiques et des créations
d’emplois, aux études de faisabilité couvertes par le « secret industriel et
commercial », aux « sondages » payés, comme les études, par les promoteurs eux-mêmes,
-Tolérance aux tentatives
d’achat des populations
et d’obtention de
leur silence à
travers des financements «
participatifs » qui promettent trois sous de dividendes à des petits
épargnants, pendant que les multinationales de l’éolien s’engraissent d’argent
public (c’est ce que vous appelez « améliorer l’acceptabilité des éoliennes »).
Oui, le recours aux
énergies renouvelables est nécessaire dans la lutte contre le dérèglement
climatique. Mais d’autres énergies renouvelables existent.
Pourquoi alors, dans
les discours des politiciens et des élus acquis à l’éolien,
y a-t-il une confusion constante
entre « énergie renouvelable » et éolien ? Pourquoi
ces mêmes politiciens
et élus s’obstinent-ils à
vouloir imposer d’abord et avant tout cette énergie-là, alors qu’une part
croissante de la population (et même les experts) conteste son efficacité et
son coût et s’y oppose ?
Nous nous sommes
interrogés sur ce
mystère, et nous
pensons avoir trouvé
la réponse. Les aérogénérateurs sont maintenus par un
socle en béton armé enfoui dans le sol, sur des terrains (publics ou privés)
bien précis et
bien repérés. Chaque
machine peut donc
générer facilement taxes
et loyers, et des implantations peuvent être partout envisagées. Ce
n’est pas le cas de l’énergie solaire, de la géothermie ou du biogaz.
L’éolien serait donc l’énergie renouvelable la plus
favorable à un vaste transfert d’argent public de l’Etat vers les collectivités
territoriales (ainsi que vers des agriculteurs et des forestiers), par le biais
de l’exorbitant tarif d’achat obligatoire
par EDF de l’électricité éolienne et par l’intermédiaire des sociétés de
promotion et d’exploitation des « parcs » (qui se rémunèrent au passage). Le
niveau officiel de la dépense publique d’Etat s’en trouve ainsi préservé
d’autant…
Voilà sans doute pourquoi, au terme du processus, quelques
75 millions de mètres-cubes de béton armé indestructible auront été enfouis
dans la terre de nos champs et de nos forêts, sans résultat significatif, ni pour
diminuer les émissions
de CO2 (voyez l’Allemagne), ni pour permettre
d’éliminer le nucléaire (voyez
l’actualité).
Tout cela est
intolérable et c’est pourquoi, en effet, nous ne le tolérons pas.
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