« Ce que je vis au quotidien chez moi depuis
presque un an, sans interruption et sans espoir que cela cesse un jour,
s’apparente, sans exagérer, à de la torture. »
Madame R. (d'Auxerre) a écrit aujourd'hui aux membres de la commission
chargée de l’élaboration des directives de l’OMS relatives au bruit dans
l’environnement en Europe :
Il y a environ un an, sont apparus dans ma maison située dans un
quartier résidentiel calme d’AUXERRE (YONNE), des résonances, des
bourdonnements, des bruits sourds plus ou moins continus, de très basse
fréquence, parfois pulsants, également des vibrations ressenties tant
dans mon corps (dans mon lit, sur mon canapé, par exemple) que dans mes
tympans, le tout jour et nuit, quasiment en permanence avec des
variantes dans leurs manifestations.
Ces « bruits » s’entendent dans toutes mes pièces. Ils semblent venir
de nulle part et de partout, et pénétrer autant par la boîte crânienne
que par les oreilles.
Ils paraissent faibles en décibels « classiques » dB(A), et sans
doute quasi imperceptibles pour quelqu’un de passage, mais absolument
insupportables dans le cadre d’une exposition quotidienne et constante.
Ils paraissent à la fois « sourds » et puissants.
Leur sonorité « infra-grave », leur caractéristique vibratoire, qui
provoque également des pressions dans mes oreilles et ma poitrine, les
rend en outre particulièrement pénibles.
Ils m’empêchent de dormir, de lire, de travailler, de me détendre
chez moi, je n’ai plus jamais un instant de quiétude dans la maison que
j’ai achetée. Ils m’occasionnent un stress permanent et cela s’aggrave
avec le temps. Ils s’entendent même télévision ou radio allumée. Ils ne
sont pas arrêtés par les bouchons d’oreilles.
Ils font penser par moments à des bruits de moteur (comme un gros
véhicule diesel ou engin de chantier qui stationnerait au loin en
laissant tourner son moteur 24h/24) mais aussi à des bruits de «
brassage » rappelant un peu une machine à laver (en plus grave).
Ils sont parfois pulsants, ce qui donne l’impression, ainsi que leur
sonorité, qu’une rave-party « sourde » mais permanente se déroule au
loin, De manière générale, j’ai un bruit de fond constant sous forme de
bourdonnement très désagréable.
Ayant éliminé les causes internes à ma maison (compteur EDF coupé,
ils subsistent), j’ai observé mon environnement et ce qui avait changé
récemment, émis toutes sortes d’hypothèses qui s’avèrent finalement
invalides, et ai finalement acquis la conviction qu’ils étaient
provoqués d’une manière ou d’une autre par des parcs éoliens récemment
construits sur les collines d’en face (12 + 16 machines ; les 16
dernières,
de 150 m de haut, mises en route au moment où j’ai remarqué
ces bruits de manière quotidienne).
Ces machines sont situées à une distance à vol d’oiseau que
j’évaluerais à environ 8 km. Elles sont en hauteur, et ma maison est
également en hauteur de l’autre côté de la vallée, vallée dans laquelle
se trouve la ville, traversée par la rivière.
Il existe également 2 autres parcs, de 21 machines géantes en tout,
de l’autre côté, non visibles de chez moi et sans doute un peu plus
loin.
Un des très rares après-midis où un calme « plat » s’était à nouveau
installé chez moi, les éoliennes les plus récentes et les plus grandes
ne tournaient pas…. (ce qui est extrêmement rare).
De plus, j’ai remarqué par hasard qu’il m’arrivait d’entendre,
d’autres lieux fermés dans la ville ou les environs (appartement,
bâtiment, voiture fermée avec moteur arrêté), certains de ces bruits, et
d’y ressentir les vibrations. Ce qui tendrait à prouver qu’il s’agit
d’une source de grande ampleur et qui diffuse loin.
Par contre, je ne les entends pas partout, y compris à d’autres
endroits où j’ai dormi ces derniers mois. Il ne s’agit ni d’acouphènes,
ni d’hallucinations (j’ai consulté divers médecins). J’ai une audition
normale compte-tenu de mon âge. D’autres personnes de passages entendent
d’ailleurs bien le « bourdonnement » dans ma maison.
De l’extérieur il ne s’entend pas, ou moins et rarement (le bruit de fond de la ville le couvre sans doute).
J’ai alors fait des recherches, et eu la surprise de constater
qu’énormément de personnes souffraient, depuis plusieurs années, de
manifestations semblables en France et ailleurs, beaucoup cherchant la
cause de bruits sourds ou de « bourdonnements » apparus chez eux sans
jamais la trouver (« forums »), et d’autres, ayant pu faire le lien avec
des éoliennes même lointaines, sans jamais être pris au sérieux par les
pouvoirs publics (exemple, Monsieur Hubert de Bonneville, que je ne
connais pas, mais qui a publié un journal en ligne, décrivant sa vie
devenue un enfer depuis des années. Je confirme, pour le vivre également
aujourd’hui, que ce qu’il dit est tout-à-fait plausible et non
exagéré).
J’ai ensuite lu tout ce que j’ai pu trouver comme
publications sur le sujet, en particulier sur les basses fréquences et
infrasons des éoliennes, par exemple :
- Le fait qu’elles en produisent énormément, d’autant plus
qu’elles sont grandes, et que ces fréquences portent à des kms sans être
réellement atténuées, ceci semblant incontesté (sauf bien-sûr, par les
promoteurs éoliens et les élus…).
- Les doutes également sur la propagation de leurs vibrations par le sol, même loin, selon les terrains.
- Le fait que la règlementation française les dispense, étonnamment, de mesure de basse fréquence…. (Arrêté du 26 août 2011).
- L’effet des basses fréquences et infrasons sur la santé humaine
au sens large, notamment pour celui qui en subit quotidiennement.
- La perception des infrasons par l’homme, la forme des manifestations de ceux-ci dans un lieu fermé.
- Les nombreuses alertes lancées dans certains pays, par des médecins par exemple.
J’ai interrogé certains scientifiques, chercheurs, acousticiens,
médecins, qui m’ont confirmé que mon hypothèse était plausible, voire
probable.
Une acousticienne m’a au passage expliqué que les infrasons, qu’on
croyait imperceptibles par l’oreille humaine, pouvaient en réalité être
perçus, d’une manière certes un peu différente que les sons dits
audibles mais non moins nocive (voire plus); et que la mesure faite avec
un sonomètre classique était totalement inadaptée à ces fréquences, qui
devraient être relevées avec un matériel bien spécifique, par un
acousticien qualifié et en dB(G) (et non en dB(A), qui les
sous-estiment).
Cela est d’ailleurs corroboré par Jacques CHATILLON de l’INRS dans
ses publications (effet des expositions aux infrasons dans le monde du
travail) accessibles sur internet depuis 2006 :
http://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ND%202250
Ce que je vis au quotidien chez moi depuis presque 1 an, sans
interruption et sans espoir que cela cesse un jour, s’apparente, sans
exagérer, à de la torture.
En plus de ses conséquences directes sur la santé, cette nuisance est
clairement un motif de suicide (imaginez-vous vivre avec, en
permanence, chez vous, un bruit de fond infra-grave extrêmement nuisible
avec à la clé, aucune solution), d’autant plus que compte-tenu du
nombre de projets éoliens en cours dans notre pays, et de la portée de
nuisance de ces machines, plus aucun lieu n’en sera préservé. Même en
déménageant, ce qui est en soi un crève-cœur pour qui a investi son
logement, sans compter le côté financier, personne ne peut être certain
de ne pas retrouver cet enfer ailleurs.
Ces nuisances sont par ailleurs doublement pernicieuses :
- outre la différence de sensibilité auditive d’un individu à
l’autre, elles ne sont pas perçues de manière flagrante par quelqu’un
qui ne fait que passer. Elles semblent d’ailleurs clairement être de
plus en plus insupportables en fonction de la durée d’exposition.
- les victimes qui ont acquis la certitude que leur source est
éolienne n’ont elles-mêmes pas intérêt à s’en plaindre trop fort car,
n’ayant d’autre choix, si elles ne le supportent pas, que de fuir leur
maison, elles ne trouveraient aucun acquéreur.
Actuellement je me retrouve totalement désespérée, je suis épuisée
à force de ne pas dormir. Par ailleurs, je commence à être très
inquiète pour les conséquences que cela peut avoir sur ma santé.
Personne n’ignore que la privation de sommeil et le stress permanent
induisent des effets qui peuvent être graves. En outre, les vibrations
provoquées chez moi par ces probables infrasons se ressentent par moment
très fort dans mes tympans mais aussi dans mes membres, mes yeux, et
même mon cœur. Nul ne semble en France s’être sérieusement penché sur la
question de ce que ces manifestations peuvent entraîner à terme. On
table apparemment sur le fait que personne ne pourra prouver le lien si
d’éventuels problèmes graves et irréversibles de santé en découlaient.
Inutile de vous préciser qu’aucun de mes appels d’aide aux
pouvoirs publics locaux ou nationaux n’a été pris au sérieux (j’ai écrit
à la ministre de l’écologie, à la ministre de la santé, à la
préfecture, et à la DREAL : aucune réponse). Sur ce sujet, un seul mot
d’ordre : les éoliennes, c’est l’avenir énergétique. À partir de là,
tous ceux qui pointent un problème qui y serait lié sont soupçonnés
d’être dingues, ou de vouloir « revenir à la bougie », ou encore,
accusés de « préférer le nucléaire ». Je me suis heurtée à du mépris et à
une suspicion systématique, à du déni, et à des discours visant à
prouver que le problème venait de moi.
Les médecins consultés sur le plan local, s’ils ont bien vu que je
n’inventais rien et m’ont crue, semblaient cependant pour la plupart «
tomber des nues »…
Pourtant, sur internet, de nombreux forums de discussion
regroupent des personnes qui comme moi, vivent cet enfer chez eux et
cherchent désespérément la source de ce bruit constant. S’il est vrai
que sur internet on ne sait jamais qui s’exprime (et il y a d’ailleurs
vraisemblablement des lobbies qui y interviennent pour brouiller les
pistes), et si beaucoup font des hypothèses farfelues sur la provenance
de ce bruit, la plupart des personnes qui s’expriment là sont
manifestement réellement confrontées à un phénomène identique, récent et
très nuisible, qu'elles décrivent à peu près de la même façon.
Exemples :
Toutes les alertes lancées depuis longtemps dans le monde, au
sujet des infrasons et basses fréquences propagés en masse et à beaucoup
plus grande distance qu’on le croit, dans les habitations, par ces
machines géantes qui poussent comme des champignons, alertes lancées par
des victimes, des médecins, des associations ou des scientifiques
divers, ne peut pas être le seul fait d’un délire collectif ou de
quelques pro-nucléaires qui voudraient la mort de l’éolien et de
l’écologie !
Aussi, je compte sur vous pour prendre en considération mon
courriel et vous prie d’agréer, madame, l’expression de ma meilleure
considération.
Je reste à votre disposition pour toute précision.
Madame R."