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NAUSÉES, TROUBLES DU SOMMEIL, DÉPRESSION… DES TÉMOIGNAGES DE RIVERAINS S’ÉLÈVENT CONTRE LES ÉOLIENNES
Près de quinze ans après les premières implantations d’éoliennes en France, est-on à la veille d’un nouveau scandale sanitaire ? La multiplication de plaintes de riverains, faisant état des nuisances causées par ces gigantesques moulins plantés en bordure de leurs communes, sont en tout cas troublantes.
A en croire la Fédération environnement durable (farouchement anti-éolienne) pas moins d’un millier de courriers ont été récemment adressés en ce sens au ministère de l’Ecologie. Le contenu même des témoignages, souvent violents, a de quoi inquiéter : maux de têtes, bourdonnements dans les oreilles, vertiges… les villageois, voisins d’éoliennes, que nous avons interrogés avancent tous les mêmes symptômes, certificats médicaux à l’appui.
Entouré depuis six ans par onze machines (dont les plus proches se situent à 380 et 440 mètres de son habitat), Jacques Pernoud raconte ainsi subir un véritable calvaire dans son petit village de Saint Félix en Midi-Pyrénées : "le matin quand le soleil se lève l’ombre des pales en mouvement provoque des effets stroboscopiques qui me donnent des nausées. Sans compter le bruit insupportable, les jours de vent donnant l’impression d’être au bord d’une autoroute." En 2010, son médecin lui a diagnostiqué "un état anxio-dépressif continu (…) réactivé quotidiennement par les bruits et les différents jeux d’ombre et de lumière-projetés sur sa maison par les pales du parc éolien."
Dans la bourgade de Saint-Fraigne - 451 habitants en Charente -, la famille Villéger mène aussi un vrai combat depuis plusieurs années contre les nuisances causées par les 6 éoliennes dont les plus proches sont situées à moins de 1.000 mètres de la maison : "Si les machines ont été bridées en 2013 suite à notre plainte, il n’en reste pas moins qu’un bruit lancinant nous accompagne toujours la nuit. Mon ORL m’a récemment diagnostiqué des acouphènes, sans doute liés à ces machines", relate Odile Villéger.
C’est aussi parce que les battements des éoliennes à 400-500 mètres de chez elle lui sont devenus insupportables que Noëlle Marchais, d’Ally en Haute-Loire, a décidé d’intenter une procédure contre la société ayant installé les machines. Même topo pour une villageoise, qui a préféré rester anonyme : les certificats médicaux que nous avons consultés attestent "d’acouphènes permanents (…) en rapport avec la perception des infrasons* d’éoliennes."
Interrogés Capital.fr, la filière éolienne minimise l’importance du phénomène : "Bien sûr qu’il peut y avoir des problèmes ici et là, mais ces malaises sont aussi largement alimentés par des groupuscules anti-éoliens. Je rappelle que nous avons l’une des réglementation les dures d’Europe", se défend Frédéric Lanoë, président de France énergie éolienne.
Depuis 2011, le Grenelle de l’environnement a normé les machines en limitant leurs niveaux sonores en décibels. Mais cette réglementation semble encore insuffisante pour les opposants, qui soulignent l’inflation d’études scientifiques pointant les risques des éoliennes sur la santé. "Il y a aujourd’hui consensus de la communauté scientifique internationale sur les nuisances que sont susceptibles de causer ces machines, notamment au niveau des basses fréquences qu’elles produisent", avance ainsi Alain Béline, expert en prévention des risques. "La littérature sur le sujet est en effet considérable, même s’il reste encore à apporter la preuve des réelles nuisances sur l’homme", ajoute Jean-Pierre Riou, ex-enseignant, expert en énergie renouvelable.
Face à ces incertitudes, la proximité des éoliennes des habitations alimente aussi les discussions. Si les anti-éoliens jugent l’actuelle législation insuffisamment protectrice (le texte de loi sur la transition énergétique en cours d’examen au Parlement prévoit une distance minimale 500 mètres, avec possibilité d’extension sur études d’impact ), les pro-éoliens considèrent que "passer à une distance d’au moins 1.000 mètres comme certains le proposent, limiterait les possibilité d’implantation d’éoliennes de près de 90%, ce qui est incompatible avec les objectifs de doublement de la production d’énergies renouvelables voulu par le gouvernement", rétorque le député de l’Isère François Brottes, porteur de l’amendement sur les 500 mètres. Contacté sur le sujet, le ministère de l’Ecologie ne nous a pas répondu.
De son côté, la justice a déjà commencé à trancher. En 2010 et 2013, deux décisions du Tribunal de Grande instance de Montpellier ont successivement ordonné la destruction de parcs éoliens, prenant notamment en compte les nuisances auditives. De là à faire jurisprudence…
Guillaume Chazouillères
* Sons graves imperceptibles à l'oreille humaine.
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