« Les murs de ma maison vibrent comme si un compresseur y était adossé, ce qui engendre un bourdonnement continu... »
Le 22 juillet 2016, Blandine Vue a écrit aux membres de la commission chargée de l’élaboration des directives de l’OMS relatives au bruit dans l’environnement en Europe :
J’habite à Poiseul (France, 52) à 11 km à l’est d’un parc
éolien construit en 2010 ; ce parc est situé 2 plateaux plus haut que
mon village, et les éoliennes sont visibles dès qu’on quitte la vallée
en cirque dans laquelle Poiseul est situé. Ce parc contient 14 éoliennes
de 2 MW hautes de 145 m. Il y a à 11 km au nord un autre parc, 6
éoliennes de 2 MW de 125 m, plus ancien de 3 ans, mais les gros
problèmes sont apparus après la construction de 2010.
Ressenti : vibrations de ma maison et de la vallée, certainement
dues en grande partie aux infrasons, accentuées par un bruit aérien dès
que le vent arrive un tant soit peu à l’ouest (dès le sud-ouest). Les
murs de ma maison vibrent comme si un compresseur y était adossé, ce qui
engendre un bourdonnement continu qui génère fatigue, impossibilité de
me concentrer sur mon travail intellectuel, difficultés de sommeil,
réveils nocturnes, cauchemars, sursauts des membres supérieurs,
oppression au niveau du thorax, nausées, maux de tête, fatigue visuelle,
usure nerveuse, mine de « déterrée », vertiges, envie de fuir… Parfois
je suis réveillée la nuit par le bruit des vibrations tant il est fort.
Quand mes fils (étudiants) sont à la maison, ils souffrent aussi
de nausées et d’un mauvais sommeil. L’un d’eux parle de "drôle
d’ambiance accoustique". Eux n’entendent pas les vibrations mais les
ressentent autrement. Elles sont présentes dans toute la maison. Une
chambre située sous les combles est devenue invivable. De même, quand la
maison vibre trop, mon chien demande à sortir au milieu de la nuit et
refuse de rester à l’intérieur quand je pars au travail. Même s’il
pleut, ce qui est souvent le cas avec le vent d’ouest !
Récemment une amie m’a rendu visite pendant 2 heures, pendant la
seconde heure elle m’a dit qu’elle tournait ; j’ai vérifié la météo, le
vent d’ouest s’est levé à ce moment, il n’y en avait pas pendant la
première heure. Une autre a nettement entendu la vibration.
Ces vibrations durent depuis quelques années, et ce n’est que
récemment, à la lecture d’articles sur les infrasons éoliens, que j’ai
fait le lien avec le parc éolien. J’habite un village de 70 habitants
plutôt calme. J’avais, en vain, cherché la source du bruit dans mon
quartier, pensant tout d’abord à une pompe à chaleur (c’était nettement
un rythme de pales qui tournent), jusqu’aux fermes également, éteint mon
compteur électrique, je n’ai pas de mitoyenneté…
Le bruit est présent partout, de même dans la vallée qui fait caisse de résonance, mais « ne vient de nulle part ». Depuis j’ai fait des observations qui m’ont permis de constater que ces vibrations sont liées au vent, à sa direction, son intensité. Je suis allée une route en contrebas du parc éolien, où j’ai reconnu la fréquence vibratoire qui parvient chez moi. Je les ai également perçues avec la même « signature » chez une amie de Bannes qui voit les éoliennes et souffre depuis quelques années de nausées et de troubles du sommeil qu’elle ne savait à quoi attribuer, et chez une amie d’une ferme isolée de Nogent, située à 7 km au nord du parc éolien, un jour de vent du sud, dans d’autres vallées situées dans les environs... Quand je vais dans d’autres régions, je dors très bien, je n’entends plus ce bruit.
Quand le vent vient de l’est, les problèmes de santé s’atténuent,
il y a un bourdonnement de sol, mais pas de nausées ni de sursauts,
moins de problèmes de concentration. Quand l’accalmie dure quelques
jours, je revis. Pendant les longues périodes sans vent, je suis capable
de lire 40 pages d’un ouvrage ardu d’une traite, par vent d’ouest ou
même sud-ouest, je ne suis même plus capable d’en lire deux pages.
Seules les longues périodes sans vent apportent un vrai calme, car les
vibrations persistent, les vibrations de sol, qui sont présentes quel
que soit le vent, arrivent un jour après le début du vent et finissent
un jour après la fin, ce qui signifie qu’il y en a toujours sauf en
longue période d’accalmie. Le vent d’ouest y ajoute un bruit plus aérien
dont les effets sur la santé sont plus gênants encore. Les nausées, les
sursauts, par exemple, y sont liés. Quand le vent d’ouest est vraiment
fort, le bruit peut parfois ressembler à celui d’un hélicoptère qui
arrive mais ne repart jamais. Même lors de tempêtes où en toute logique
les éoliennes ne doivent pas tourner, mais les 42 pales sifflent sans
doute, bien qu’immobiles.
C’est une gêne considérable pour mon quotidien, pour l’exercice de
ma profession (je suis chercheur et écrivain) qui demande de la
concentration, pour ma santé…
J’ai par ailleurs entendu parler de sérieux problèmes de santé
attribués aux mêmes éoliennes. Notons que celles du nord posent
elles-mêmes de graves problèmes à certaines personnes dans les villages
environnants.
Avec mes sincères salutations,
Blandine Vue
Lettre de Blandine Vue à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) - 22 juillet 2016
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