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« Les riverains : une minorité sacrifiée indigne d’un pays de droit »
« Impossible pour moi de sortir lorsque les machines fonctionnent, les symptômes s’accélèrent et en plus je suis prise de nausées. »
Le 23 juillet 2016, Pascale Hoffmeyer a écrit aux membres de la commission chargée de l’élaboration des directives de l’OMS relatives au bruit dans l’environnement en Europe :
Madame, Monsieur,
J’habite à 650 m de la première des deux éoliennes qui surplombe
mon village, elle se situe directement en face de mon appartement. La
seconde est à quelques dizaines de mètres plus en arrière. Lorsqu’elles
tournent sous la poussée du vent, ces éoliennes provoquent rapidement
des symptômes pénibles comme sifflement dans les oreilles, maux de tête,
mal-être, sommeil perturbé, nervosité, tensions. Nous habitons à la
campagne où je faisais de longues marches avant leur installation (comme
cela nous est chaudement recommandé par tous les spécialistes de la
santé pour notre bien-être général, n’est-ce pas ?). Impossible pour moi
de sortir lorsque les machines fonctionnent, les symptômes s’accélèrent
et en plus je suis prise de nausées.
Je crois que ce que je décris ici est bien connu, aussi je ne vais
pas m’étendre. Ce qui l’est moins, c’est l’impossibilité que nous avons
de nous défendre, faute de lois adaptées à cette technologie précise.
Est-il normal que l’on vienne nous dire aujourd’hui que nous devons
développer les énergies renouvelables à cause des dangers que
représentent les énergies fossiles, qui se sont imposées de la même
manière : sans précautions sanitaires ? Allons-nous couvrir les
territoires naturels, refuges indispensables à tous ceux qui subissent
jour après jour des nuisances industrielles, de centrales électriques
dont les impacts sur la santé n’ont pas fait l’objet d’études
indépendantes sérieuses et approfondies ? Qui sous prétexte de produire
une énergie propre ne sont soumises à aucune loi spécifique sur la
protection contre le bruit ? Laissant l’industrie libre de coloniser
notre environnement sans avoir à se préoccuper des conséquences sur
notre santé ?
Nous subissons jour après jour, constatons la détérioration de
notre santé physique et morale et nous n’avons aucune loi pour nous
protéger, que des recommandations contre lesquelles nous ne pouvons
rien. On nous demande des sommes astronomiques pour ouvrir des
procédures qui n’ont aucune chance d’aboutir en ce qui concerne les
nuisances sonores spécifiques des éoliennes ! Les riverains de ces
machines représentent une minorité sacrifiée indigne d’un pays de droit.
J’ose espérer que votre démarche sera sérieuse, à l’écoute des
victimes et non des intérêts multiples qui gravitent autour des
éoliennes industrielles, parce que la transition énergétique commence
par le respect de chacun, sinon nous ne ferons que répéter l’histoire.
J’habite en Suisse, ce qui n’enlève rien à l’importance d’une directive
européenne.
Je vais donc suivre de près et pleine d’espoir votre démarche et
ses conclusions. Ce sont des institutions comme la vôtre qui détiennent
le pouvoir de défendre la qualité de vie contre les intérêts
particuliers. Des directives claires de votre part auront un impact
certain sur l’avenir des victimes, ne le négligez pas.
Avec mes remerciements pour votre attention et mes salutations distinguées.
Pascale Hoffmeyer
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