dimanche 13 novembre 2022

Hommage à Jacques Pieltin

 

Jacques Pieltin est malheureusement décédé le 12 Novembre 2022. Nous perdons d'abord un ami très cher, très proche depuis une dizaine d'années.
Nous perdons aussi  un expert remarquable, qui a sauvé la Saône-et-Loire d'un désastre écologique et patrimonial.
En son hommage, vous trouverez ci-après un texte, sa réponse au maire de Cruzilles-les Mépillat, qui reflète son engagement et qui est totalement d'actualités.

Lorsqu’on n’a rien à dire, on évite le débat. C’est bien ce qu’a fait Monsieur le maire de Cruzilles-lès-Mépillat. Le président de Don Quichotte 01 a vivement regretté l’absence des élus de Cruzilles au début de la réunion, et en particulier celle du maire du village.

 

Olivier DUBAR (AVDSM) et Jacques PIELTIN en 2018


Monsieur le Maire, je ne répondrai pas à vos attaques personnelles. Elles ne vous grandissent pas. Vous faites dans la facilité en me classant dans les vieilles barbes rabâchant des arguments usés. Mais êtes-vous seulement en mesure de contredire une seule des données techniques, une seule des analyses, une seule des études internationales sur lesquelles je base mon argumentation ? 

Vous me classez dans les pro-nucléaire. Avec quelles preuves ? Appartiendriez-vous par hasard à cette catégorie de pseudo-écologistes qui pensent que le combat contre le nucléaire passe par une défense acharnée de l’éolien, quelles qu’en soient les conséquences pour les riverains ? Tout donne à le croire, puisque, comme eux, vous vous bouchez le nez en invoquant la pestilence du nucléaire et de ses suppôts dès lors qu’on ose parler des nuisances de l’éolien.

Je n’ai rien contre le nucléaire, mais rien pour non plus. Je suis avant tout un technicien, et je laisse aux politiques le soin d’en débattre. Je ne fais d’ailleurs partie d’aucune association. Merci Monsieur le Maire, de me donner l’occasion de le rappeler. En revanche, personne ne m’empêchera, en tant que citoyen, de dénoncer les contradictions et les absurdités de l’éolien. Monsieur le Maire, si vous vous étiez donné la peine de vous informer et de regarder comment fonctionne le système électrique français, vous vous seriez aperçu que l’éolien n’existe en France que grâce aux subventions très généreuses qui le font échapper à la loi du marché, et qu’il coûte beaucoup trop cher à la fois au consommateur et au contribuable, ainsi que l’a rappelé la Cour des Comptes en 2018 dans son rapport sur les renouvelables.

Si vous m’en donnez l’occasion, je me ferai un plaisir d’expliquer devant le conseil municipal de Cruzilles-lès-Mépillat pourquoi l’éolien est si cher, mais aussi pourquoi il n’est ni une énergie locale, ni une énergie aussi propre que le prétendent les promoteurs. Et vous verrez que le nucléaire n’a rien à voir là-dedans.

Si vous connaissiez un tant soit peu l’histoire de l’énergie en France, vous sauriez que l’éolien s’est développé de façon massive essentiellement pour des raisons politiques. En 2007, le Grenelle de l’Environnement, qui trouve son origine dans le premier « paquet climat » négocié avec l’Europe, avait surtout pour objectf de prendre de vitesse les revendications des écologistes. Le second Grenelle leur a coupé l’herbe sous le pied avec l’obligation des 500 mâts par an contenue dans la loi de 2010. En 2012 et 2017, les candidats à la présidence avaient absolument besoin de 5 % des voix écologistes pour se faire élire. Une politique de développement à marche forcée de l’éolien aura permis pendant plus de dix ans de faire miroiter un mythe, celui du remplacement du nucléaire par les renouvelables.

L’Allemagne, qu’on présente souvent comme un modèle, n’a pas réussi ce rêve absurde. Elle arrive aujourd’hui à produire 1/3 de son électricité grâce aux renouvelables, mais à quel prix ? On nous cache soigneusement qu’elle dispose en fait de deux parcs de production. Le premier est un parc utile, pilotable à volonté, basé sur le charbon, le gaz …et le nucléaire, qu’on essaie de remplacer par du gaz… russe. Le second est un parc de luxe intermittent et aléatoire qui fonctionne quand il y a du soleil et du vent. Évidemment, entretenir deux parcs de production au lieu d’un seul coûte cher, et c’est bien pour cela que les Allemands paient leur électricité deux fois plus cher que nous. De plus, bien que disposant de 4 fois plus d’éolien que nous et de 5 fois plus de solaire, l’Allemagne n’arrive pas à baisser ses émissions de CO2. Vive la production électrique française, décarbonée à 93 %, qui arrive à classer la France parmi les pays d’Europe les moins émetteurs !

Notre président vient, contre toute attente, de découvrir qu’on ne peut « imposer l’éolien depuis le haut ». Étonnant, non, quand on a déroulé un tapis rouge sous les pas du lobby éolien, quand on a essayé de museler les opposants à l’éolien en les empêchant d’accéder à la justice, ou en tentant de supprimer les enquêtes publiques ? Cela dit, ne faisons pas la fine bouche sur ce revirement. S’il est sincère, les préfets recevront sous peu des ordres être un peu plus regardants avant d’accorder des permis éoliens.

Il semble bien que notre président – qui nous promettait fin 2018 une électricité « fille du soleil et du vent » avec triplement de la production éolienne, ait fini par prendre conscience que la gabegie avait des limites. Les taxes sur les factures d’électricité ne suffisant plus à payer les subventions de l’éolien, il a en effet fallu créer de nouvelles taxes… sur le gaz et sur les carburants ! Mais l’abus de taxes est un puissant générateur de mécontentement – les gilets jaunes lui en ont administré la preuve – et sans doute a-t-il estimé qu’il était grand temps de réduire la voilure.

Je maintiens ici que l’éolien ne vit qu’en faisant les poches des Français, qu’il s’est développé grâce à des mesures anti-démocratiques, que la réglementation éolienne permet de graves entorses à la protection de la biodiversité, et qu’elle ne protège pas du tout la santé des riverains, bien au contraire. Pour couronner le tout, l’éolien participe au saccage des paysages de la France, première destination touristique au monde. Bref, l’éolien n’est utile à personne, sauf bien sûr au lobby éolien. Je suis prêt à en administrer les preuves.

Jacques Pieltin, ingénieur électromécanicien.
25 janvier 2020.


 

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