lundi 10 décembre 2018

Quelques chiffres sur le financement des ENR

La suppression du soutien financier (tarifs de rachat ou de référence) à la vente de l’électricité renouvelable permettrait d’absorber l’annulation de l’augmentation de la taxe climat et de retrouver de la marge pour financer la transition énergétique.

Hervé Nifenecker / Président de l'Association des Cafés des Sciences du Pays Vizillois

Le gouvernement a décidé de supprimer l'augmentation de la taxe climat portant sur les carburants. Cette augmentation devait atteindre 3,7 milliards d'euros.
La fiscalité de l'Énergie a été profondément modifiée en 2016 par l'intégration dans le budget de l'État des charges et des recettes de la "Contribution au Service Public de l'Énergie", la CSPE, dans le compte d'affectation spéciale (CAS) de la "Transition énergétique".
Selon le [[http://www.senat.fr/rap/a17-109-2/a17-109-20.html]] du Sénat sur le projet de loi de finances 2018, le soutien aux énergies renouvelables électriques passerait de 3,7 milliards d'euros en 2016 à 5,4 en 2018.
La possibilité de recourir à la taxe pour assumer l'augmentation de ce soutien disparaissant, qui paiera les producteurs d'électricité éolienne et photovoltaïque ? Sera-ce EDF, qui sauf à se mettre en faillite, ne pourrait qu'augmenter ses tarifs ? Le refus d'augmentation de ces tarifs par le gouvernement ne semble-t-il pas aller, effectivement, dans le sens de rendre EDF insolvable, si une autre solution n'est pas trouvée ?
La Cour des comptes a estimé que les soutiens de la production d'électricité renouvelable, financés jusqu'à présent par la CSPE, ont coûté 27 Mds d'euros jusqu'à présent avec près de 100 Mds d'engagements. La Cour des comptes a aussi révélé que ces dépenses n'avaient pas conduit à une réduction des émissions de CO2. Elle a, essentiellement, servi à diminuer la production nucléaire et à la rendre moins rentable. Y a-t-il lieu, dans les conditions nouvelles créées par la suppression de l'augmentation de la taxe de 3,7 milliards d'euros, de continuer à subventionner la production d'électricité renouvelable qui ne diminue pas les émissions de CO2, déstabilise le réseau électrique et, faute de financement, mettrait en danger l'existence même de l'opérateur national ?
La question mérite d'autant plus d'être posée que, selon la réponse du Maître d'ouvrage à la question 609 du [[https://ppe.debatpublic.fr/montant-financement-cspe]] , les coûts de production se sont effondrés entre 2009 et 2017, de 358 à 49,5 $/MWh pour le photovoltaïque et de 135 à 45 $/MWh pour l'éolien
Le tarif de rachat de l'éolien reste fixé à 82 EUR/MWh pour les contrats souscrits avant 2016, et le [[https://selectra.info/energie/guides/environnement/rachat-electricite-gaz-edf]] servant au calcul du complément de rémunération, depuis 2016, varie entre 72 et 74 EUR/MWh, celui du photovoltaïque varie, lui, entre 60 et 200 EUR/MWh ? Ces tarifs laissent augurer de confortables profits. C'est bien ce que constatait la CRE dans son [[https://www.cre.fr/Documents/Publications/Rapports-thematiques/couts-et-rentabilite-des-enr-en-france-metropolitaine]] d'analyse sur les coûts et la rentabilité des énergies renouvelables en France métropolitaine. La CRE observait, en effet, des rentabilités bien supérieures au coût moyen pondéré du capital (CMPC, de l'ordre de 8 % net d'impôt). Pour l'éolien, les installations sont amorties au bout de 15 ans alors que leur durée de vie excède 20 ans.

Nous suggérons de reporter la diminution du revenu de la taxe sur les producteurs de courant éolien et photovoltaïque. Les taxes finançant essentiellement des projets éoliens et solaires qui coûtent cher et sont inefficaces, nous demandons à l'État d'arrêter de subventionner ces énergies dites matures. Leurs producteurs devront vendre leur production sur le marché sans soutien ou subvention.
Ces producteurs sont soit des particuliers assez aisés pour avoir investi dans des panneaux photovoltaïques leur permettant de vendre sans risque leur production à EDF, soit des entrepreneurs industriels ou bancaires intéressés par des opérations financières rentables en investissant de façon massive dans une production éolienne vendue, elle aussi, en toute sécurité à EDF.
 Que ces fournisseurs prennent enfin leur responsabilité nous semble socialement équitable. Ils devraient y être d'autant plus incités que leur production n'était pas, jusqu'à présent, soumise à la TVA.
La perte de ressource de 3,7 milliards due à l'annulation de l'augmentation de la taxe carbone serait plus que compensée par la suppression des 5,4 milliards de subventions à la production d'électricité renouvelable. Les 1,7 milliard rendus ainsi disponibles ne manqueraient certainement pas d'usage

 

mercredi 5 décembre 2018

Cantal : Toi ? Tu ne comptes pas !

Témoignage d’un éleveur du Cantal


Je m’appelle Michel Felgines, et je suis éleveur dans le Cantal. Mes vaches sont en plein air toute la journée. Et je vis auprès d’elles.

Les sociétés qui comptent construire un parc éolien ont fait des réunions d’information dans le village. Avec ma femme, on y est allés. Dans le projet, je vais avoir une éolienne à moins de 500 mètres de ma stabulation. C'est légal, paraît-il, car mon étable n'est pas considérée comme une habitation. Pourtant j'y suis toute la journée, et souvent la nuit aussi, quand mes Salers mettent bas. Voilà les questions que j’ai posées :

- Trop près des éoliennes, on sait qu’il y a des cellules trop nombreuses dans le lait des vaches, ensuite, il est invendable. Que comptez-vous faire pour cela ?

- Ma stabulation est à moins de 500 mètres de l’éolienne. L’hiver, il fait jusqu’à moins 18 degrés par ici. Que comptez-vous faire pour la projection des blocs de glace par les pâles ? Elles peuvent être projetées bien plus loin que 500 mètres. Et moi je suis toute la journée dans ma stabulation.

Réponse du représentant de la société : pas d’inquiétude ! Nous installons ce parc sur un territoire où il y a seulement 0,7 habitant au kilomètre carré…le risque est donc minime !

Je ne savais pas, avant cette réponse, que je ne représentais pas une personne à part entière en France…maintenant je le sais.

Michel Felgines, Cantal, 15

Sioux Berger :
Ce témoignage est le troisième que je poste. Je poursuis mes interviews sur le terrain. Je vous invite à lire aussi les deux précédents : témoignage d'une agricultrice Bio, éoliennes, attention arnaque et le témoignage de l'agriculteur de Trizac.
Je prête ma plume aux personnes que l'on entend peu. Si ce témoignage vous parle, partagez. Et je vous invite surtout à réfléchir avant de poser un jugement.