vendredi 8 juillet 2022

L’accélération du mix charbon-éoliennes de l’Allemagne ou l’incroyable échec de l’Energiewende

 

Une tribune signé par Fabien Bouglé, expert en politiques énergétique.

Robert Habeck, Ministre « vert » allemand de l’Economie vient d’annoncer publiquement, qu’à défaut du gaz d’origine russe, l’Allemagne allait être contrainte de relancer en urgence ses centrales au charbon. Cette annonce suivait celle qui excluait de reporter l’arrêt des 3 réacteurs nucléaires allemands encore en activité , qui, en principe, doivent s’arrêter fin 2022, malgré la demande du patronat d’en reporter la fermeture.

La relance du charbon par nos voisins n’est pas exclusivement dû à la limitation par la Russie de ses approvisionnements en gaz, qui, avant la guerre en Ukraine, représentaient plus de 50% des besoins en Allemagne. Non, la faible activité, en 2021, des éoliennes intermittentes allemandes, dont la production avait chuté de près de 14% par rapport à 2020, les avait contraints d’augmenter de 25% la production d’électricité au charbon et à la lignite, qui était ainsi redevenu leur première source d’électricité.

Le modèle éoliennes-énergie fossile de l’Allemagne

La guerre n’a fait qu’accélérer un phénomène de dépendance de l’Allemagne aux éoliennes ou aux panneaux solaires, qui nécessitent le complément des centrales fossiles, et ne sert qu’à camoufler l’échec retentissant de l’Energiewende, dénoncé depuis plusieurs années par la Cour fédérale des finances. En effet, à plusieurs reprises elle s’était alertée dans ses rapports sur ce modèle qui allait conduire à une explosion des factures d’électricité des Allemands, et à une multiplication des coupures d’électricité. Et nous y sommes !

Bien avant la guerre, le magazine Newsweek avait titré un article retentissant le 27 octobre 2021, « Les pannes d’éoliennes à l’origine de la crise énergétique en Europe sont un avertissement pour l’Amérique », soulignant que le choc gazier était dû à la multiplication en Europe des éoliennes couplées au gaz ou au charbon, dans un contexte de reprise économique post-covid. Les observateurs d’outre-Atlantique avaient parfaitement identifié que la multiplication des éoliennes créait une forte dépendance aux énergies fossiles, conduisant à une inflation énergétique.

La guerre n‘a fait qu’accélérer et augmenter le besoin en énergies fossiles de substitution au gaz russe, comme le charbon ou la lignite, conduisant à une explosion de la facture énergétique, déclenchant mécaniquement une terrible spirale inflationniste.

Le plus incroyable est que l’Allemagne continue de dénigrer le nucléaire français décarboné, allant jusqu’à militer dans les institutions européennes pour qu’il ne soit pas reconnu dans la taxonomie des activités vertueuses pour le climat, alors que son bilan carbone n’est que de 3,7 g de CO2 /kWh selon une récente études des experts d’EDF. Cela place le nucléaire comme la source d’électricité la plus vertueuse dans le monde pour le climat, alors que le charbon produit 1 000 g de Co2/kwh et des particules fines contenant mercure et uranium, polluant les autres pays européen par les fumées des hautes cheminées des centrales allemandes.

Nucléaire français vs Energiewende allemande

La France, qui émet environ 50 g de co2/ kwh d’électricité, est un des pays les plus vertueux en Europe pour les faibles émissions de son mix électrique : elle se trouve paradoxalement mise en accusation par l’Allemagne, qui avec 500 g de CO2/kwh, a un mix électrique 10 fois plus polluant. C’est donc le pays qui a le bonnet d’âne en Europe qui reproche au meilleur élève européen de ne pas suivre son modèle désastreux pour la planète et le climat.

Du reste la France, dont les dirigeants sont toujours sous contrôle de puissants réseaux d’influence allemands, vient malheureusement d’annoncer la relance d’une centrale au charbon sur son sol, et souhaite accélérer l’installation des éoliennes, s’inspirant sans discernement du modèle d’Energiewende de nos voisins.

Par une incroyable perte de lucidité ou par naïveté – sous prétexte de fédéralisme européen – les dirigeants français s’engouffrent dans une politique dictée par l’Allemagne. Dans son discours de Belfort, tout en annonçant à minima la relance salutaire du nucléaire, le Président Macron envisageait en même temps une incroyable multiplication des éoliennes maritimes ou terrestres et des panneaux solaires dont aucun ne sont fabriqués en France.

Notre pays continue d’acheter des éoliennes en Allemagne, qui n’hésite pas à commander des avions de chasse américains ou des vols de fusée SpaceX. Et lorsque les réseaux d’influence allemands font voter récemment deux commissions du Parlement européen contre l’intégration du nucléaire dans la taxonomie verte européenne, le Président Macron laisse passer cette agression, sans aucune réaction politique de fermeté.

Mais cette attitude climato-hypocrite de l’Allemagne n’est pas une découverte pour la France. Déjà en 2019 la sénatrice Anne-Catherine Loisier avait dévoilé un rapport de l’Agoraenergiewende intitulé « L’Energiewende et la transition énergétique à l’horizon 2030 », qui se réjouissait que « […] si des capacités nucléaires sont retirées du mix français, la compétitivité des centrales à charbon maintenues dans le système en Allemagne est améliorée. »

Depuis la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, la France, qui exportait 12 térawattheures d’électricité décarbonée par an à l’Allemagne, se trouve contrainte de devoir importer la même quantité de ce pays, alors qu’il s’agit d’une électricité sale et très polluante.

Un incroyable échec

Il est temps pour nos gouvernants de tirer un trait sur le modèle allemand de l’Energiewende, qui mène l’Europe dans une situation de chaos énergétique, par forte dépendance aux fossiles et une spirale inflationniste incontrôlée.

Il est temps de prendre acte que le modèle de nos voisins allemands est un incroyable échec.

Il est temps enfin de prendre conscience que nous avons un formidable atout avec notre patrimoine électrique nucléaire qui permet d’assurer notre souveraineté électrique en contrôlant la facture énergétique des ménages et des entreprises tout en ayant un impact particulièrement faible sur nos émissions de gaz à effet de serre.

Nos centrales nucléaires – si on veut bien se donner la peine de les entretenir correctement – ont cette capacité de produire une électricité stable et puissante assurant à nos concitoyens la fiabilité de nos fournitures d’électricité.

A l’heure où les principaux patrons des entreprises énergétique appellent les français à la baisse de leur consommation en raison des risques de pénuries électriques, que la politique d’apprenti-sorcier inspirée de l’Energiewende allemand a contribué, à organiser, il est vraiment temps d’envisager une disruption énergétique basée sur un nouveau plan massif du nucléaire français, suite naturelle du plan Messmer de 1974.


jeudi 30 juin 2022

Le parc photovoltaïque de Vitry en Charolais (71) flambant neuf est hors d’usage !

 

L’épisode de grêle du 21 juin dernier a détruit à 80 % les panneaux solaires du parc photovoltaïque de Vitry en Charolais ! Les 26 000 panneaux solaires devaient être mis en service au mois de juillet, malheureusement, les réparations importantes prendront plusieurs mois. Toujours sous surveillance en raison des risques électriques, il ne manquerait plus que le feu détruise les 20 % restant !

Pour rappel, le facteur de charge des panneaux solaires n’est que de 19 % en France…

Il s’avère qu’avec le dérèglement climatique, les périodes sans vent en France seront plus nombreuses, ce qui est déjà avéré avec une diminution de la production des éoliennes de -20 % en 2021.

Si les épisodes violents de grêle se répètent, l’avenir même des parcs photovoltaïques en Saône-et-Loire semble compromis.

Alors, plus de solaire, moins de vent, il est grandement temps que nos élus se rendent compte que l’énergie la moins polluante en termes d’émissions de CO2, la plus abondante et la moins chère reste l’énergie nucléaire !


lundi 27 juin 2022

Une électricité verte avec du nucléaire; Enercoop!

 
Sans recourir au nucléaire, Enercoop ne survivrait peut-être pas
23 juin 2022

Source:  Reporterre, le quotidien de l'écologie

Confronté à la flambée des prix de l’électricité, Enercoop se tourne vers le nucléaire. Le fournisseur d’énergies renouvelables y a été contraint à cause d’un « marché complètement fou », explique-t-il dans cet entretien.

Face à la flambée des prix de l’électricité, Enercoop, fournisseur d’électricité 100 % renouvelables, s’est résolu à recourir temporairement à de l’électricité issue du nucléaire. Une décision adoptée à 88 % par les sociétaires de la coopérative, réunis en assemblée générale samedi 18 juin à Paris. Celle-ci approvisionne plus de 100 000 clients en électricité issue des énergies renouvelables et produite par de petits producteurs d’électricité basés en France.

À partir de 2023 et pour trois ans maximum, Enercoop aura ainsi recours à l’« accès régulé à l’électricité nucléaire historique » (Arenh). Ce mécanisme permet aux fournisseurs d’électricité d’acheter à bas coût l’énergie produite par les centrales nucléaires d’EDF.

Olivier Soufflot, directeur général délégué d’Enercoop, et Béatrice Delpech, directrice générale adjointe, expliquent ce choix à Reporterre.

Reporterre — Depuis sa création, Enercoop revendique son opposition à l’énergie nucléaire. Comment justifiez-vous le choix de se tourner aujourd’hui vers elle ?

Béatrice Delpech — Cette décision s’est imposée à nous. À la fin de l’année 2021, nous étions asphyxiés par l’envolée des prix de l’électricité sur le marché. Sans recourir à l’Arenh, nous aurions peut-être survécu, mais cela aurait impliqué de faire des sacrifices sur le cœur de notre projet.

En effet, nous ne sommes pas seulement fournisseurs d’énergie. Il s’agit uniquement d’un moyen pour contribuer efficacement à l’augmentation de la production d’énergie renouvelable en France. Nous développons aussi nos propres moyens de production d’énergie et proposons à nos clients des services d’accompagnement dans leurs efforts de réduction d’énergie. Si nous sommes asphyxiés au point de ne rien pouvoir faire d’autre que de fournir de l’énergie à nos clients, notre action perd tout son sens.



Aviez-vous des alternatives ? Augmenter le coût des abonnements, par exemple ?

Béatrice Delpech — Avant de nous résoudre à ce choix, nous avions déjà pris des mesures douloureuses. Depuis décembre, nous n’acceptons plus de nouveaux clients. Et nous avons décidé de hausses tarifaires en février, avril et en juillet. Ce n’est plus possible de faire peser ce poids sur nos sociétaires.

Olivier Soufflot — Nous sommes les seuls, en 2022, à ne pas avoir recours à l’Arenh. Ce mécanisme engendre des écarts de prix très élevés : il contraint EDF à vendre l’énergie produite par ses centrales nucléaires à 42 euros par mégawattheure (MWh), quand elle atteint 300 euros sur le marché ! Ce mécanisme crée un écart avec les autres fournisseurs d’électricité difficilement supportable pour un acteur qui ne voudrait pas y recourir. D’autant qu’en un an, le prix de l’électricité sur le marché a été multiplié par six, en moyenne.


« Le modèle que nous visons est un modèle résilient. » © E.B/Reporterre

C’est donc progressivement, après des échanges avec nos sociétaires, que nous nous sommes rangés à cette option pour une durée que nous souhaitons la plus courte possible. Le temps de mettre en place un modèle plus résilient, basé sur les coûts de production de l’énergie, et non sur les fluctuations du marché.

Vous achetez votre électricité en direct à plus de 400 producteurs d’électricité renouvelable partout en France. Pourquoi êtes-vous exposés à la variation des prix de l’électricité sur le marché ?

Béatrice Delpech — D’abord, une partie des contrats qui nous lient à nos producteurs sont corrélés au marché. Quand les prix du marché augmentent, le coût de l’achat augmente pour nous aussi.

D’autre part, nous achetons notre électricité à l’avance, mais nous sommes obligés de recourir à des achats ponctuels sur le marché pour assurer notre équilibre. Cela peut être le cas si un hiver est particulièrement rigoureux et que la consommation d’énergie dépasse ce que nous avions anticipé.

Pouvez-vous assurer à vos sociétaires que le recours à l’Arenh est une solution temporaire ? Comment allez-vous faire pour vous passer du nucléaire après 2025 ?

Olivier Soufflot — Notre ambition est de passer du modèle français, basé majoritairement sur le marché, à un modèle qui repose sur les coûts de production.

Pour cela, nous voulons développer les contrats d’achats de long terme, pour des périodes de 20 à 30 ans, et le développement de moyens de production propres à Enercoop. Nous avons déjà une dizaine de projets de ce type en cours. Mais développer un projet photovoltaïque ou éolien se fait sur le temps long. Il faut compter sept ans pour l’éolien. Recourir temporairement à l’Arenh nous donne le temps de développer ces projets.

Béatrice Delpech — Aujourd’hui, ce type de contrat représente 5 % de l’énergie que nous fournissons. Nous voulons passer à 20 % en 2025 et à 30 % ou 40 % d’ici à 2030.

Le modèle que nous visons est un modèle résilient. Il va permettre d’accroître la production d’énergie renouvelable en France, tout en protégeant les consommateurs, puisque le coût de l’énergie est connu à l’avance. C’est la voie de l’avenir.


Vous voilà contraints de recourir à l’énergie nucléaire. Cela ne prouve-t-il pas qu’il est aujourd’hui impossible de se passer de l’atome en France ?

Béatrice Delpech — Nous continuons de penser que l’énergie nucléaire est sans avenir et qu’il faut en sortir le plus rapidement possible.

Seulement, aujourd’hui, le marché est biaisé. Le dispositif de l’Arenh donne l’illusion que l’énergie nucléaire est peu chère, mais c’est complètement faux. Le prix de l’électricité est complètement décorrélé de la réalité. En rejoignant l’Arenh, nous essayons de nous libérer d’un marché complètement fou grâce à un dispositif surréaliste.

 https://reporterre.net/Sans-recourir-au-nucleaire-Enercoop-ne-survivrait-peut-etre-pas

jeudi 9 juin 2022

Un couloir majeur de migration du Milan royal identifié en Bourgogne

 

Comme vous le savez, depuis plusieurs années les associations "Nature et Paysage en Sud Morvan", "Sauvegarde Sud Morvan" et "Vent du Sud Morvan" ont entrepris un suivi de la migration du Milan Royal dans le Sud Morvan. Ces observations ont été complétées par la Ligue de Protection des Oiseaux, démontrant ainsi l'importance européenne de ce couloir de migration. 

La LPO souligne dans un communiqué de presse que "la Moyenne vallée de l’Arroux et la vallée de la Somme doivent être préservées de tout aménagement susceptible de dégrader leur fonctionnalité écologique et leur capacité d’accueil de nombreuses espèces migratrices protégées, dont le Milan royal."

Bonne nouvelle!

 

LPO: Communiqué de presse (30 Avril 2022)

Un couloir majeur de migration du Milan royal identifié en Bourgogne

Le Milan royal est une espèce endémique d’Europe. La population mondiale est estimée à 35000 couples, son

statut de conservation au niveau de la France est "Menacé d'extinction, catégorie Vulnérable". Si la France

n’abrite que 3000 couples nicheurs environ, notre pays a "une responsabilité majeure pour la conservation du

Milan royal dans le monde" (Plan National d'Actions Milan royal 2017-2026), car il est traversé par le principal

flux de migration de ce rapace vers ses sites d’hivernage situés principalement en Espagne, mais aussi au pied

des Pyrénées et dans le Massif central.

La migration du Milan royal en Bourgogne est connue depuis longtemps mais n’avait jamais été étudiée

jusqu´à récemment. En Saône-et-Loire, dans la Vallée de l’Arroux au Sud du massif du Morvan, une équipe de

bénévoles passionnés, regroupés dans le collectif « Migr’Arroux », démarre en 2010 un suivi de la migration

postnuptiale (migration vers le sud après la reproduction). Ces dernières années, plus de 4400 milans royaux

y sont observés chaque automne.

En 2018, l’association « Nature et Paysages en Sud Morvan » entreprend un suivi comparable dans la vallée

de la Somme (affluent de la Loire), prolongement naturel de la Vallée de l’Arroux vers le Sud-Ouest.

En 2022, la Ligue pour la Protection des Oiseaux Bourgogne-Franche-Comté et Olivier Léger, ornithologue

reconnu, ont réalisé une synthèse présentant les résultats de quatre années de suivi postnuptial en vallée

de la Somme.

Ce document de synthèse met en perspective l'importance - que l'on peut qualifier de "majeure" - du couloir

de migration identifié en Sud-Morvan au regard des derniers éléments de connaissance au niveau national et

européen.

A l’issue de ces années de comptage (10 journées chaque mois d’octobre), il a ainsi été prouvé que la majorité

des milans royaux détectés en vallée de l’Arroux survole ensuite la vallée de la Somme (pourcentage évalué à

70%). On estime ainsi à plus de 5000 le nombre de milans royaux qui traversent la petite région naturelle

« Sud-Morvan » dans sa longueur suivant un axe Nord-est/Sud-ouest.

En Europe, les principaux sites de suivi de la migration du Milan royal (avec plus de 1000 individus chaque

automne) se situent en France (12 sites sur les 14 recensés). Sur ces 12 sites, 5 sont en Bourgogne Franche-

Comté, dont 3 en Saône-et-Loire (Vallée de l'Arroux, Vallée de la Somme et Montagne de la Folie), soit 25%

des sites d’importance nationale en l’état actuel des connaissances. Au regard des effectifs qui y sont

observés et de sa situation géographique, le couloir de migration sud-Morvan occupe une place stratégique

en France et en Europe en ce qui concerne la migration du Milan royal et plus globalement sa conservation.

Par son caractère bocager bien préservé, le Sud-Morvan n'est pas simplement un axe de passage, ce territoire

fait partie intégrante d'un véritable couloir de migration. Il permet aux milans royaux, mais aussi à de

nombreuses autres espèces migratrices, de s’alimenter et de trouver des zones de repos et des dortoirs,

services fonctionnels indispensables au bon accomplissement du cycle biologique de la migration.

Pour l’ensemble de ces raisons la Moyenne vallée de l’Arroux et la vallée de la Somme doivent être

préservées de tout aménagement susceptible de dégrader leur fonctionnalité écologique et leur capacité

d’accueil de nombreuses espèces migratrices protégées, dont le Milan royal.

Lien vers le rapport complet « Migration postnuptiale du Milan royal : synthèse de quatre années

de suivi dans la vallée de la Somme » :

Migration du Milan Royal - Sud Morvan - Bilan 2018-2021 (www.npsm.fr)

Contacts :

Alexis REVILLON, LPO Bourgogne Franche-Comté, 6 rue Pierre Semard 71880 CHATENOY-LE-ROYAL

Alexis.revillon@lpo.fr 06 38 88 10 16

Olivier LEGER, L’Escargot Voyageur – Les Bedats – 71190 ETANG-SUR-ARROUX

Escargot.v@orange.fr 06 08 46 07 00

 

lundi 30 mai 2022

Projet éolien de Montmort. Courrier adressé à M. Dominique Lotte, Président de la CCEALS

 

Montmort, le 30 mai 2022



à Monsieur Dominique Lotte

Président de la CCEALS



Monsieur le Président,


Le 14 août 2018 la société Energie éolienne de Montmort a reçu d’un avis défavorable de la préfecture de Saône-et-Loire pour son projet éolien sur la commune de Montmort en considérant que les effets négatifs notables du projet sur l’environnement ou sur la santé humaine n’ont pu être évités ou insuffisamment réduits.


La société SARL parc EOLIEN de Marly a reçu également un avis de rejet de la préfecture de Saône-et-Loire pour son projet éolien sur la commune de Marly-sous-Issy, le 2 mai 2022, considérant ;


  • Bibracte–Mont Beuvray est classé Grand site de France, notamment pour le caractère remarquable de son paysage et ses panoramas exceptionnels en particulier en direction du sud,

  • l’impact très fort sur la présentation de l’église d’Issy-l’Evêque classée au titre des monuments historiques,

  • l’insuffisance des inventaires de l’avifaune et des chiroptères.


L’ensemble de ces études démontre l’existence d’une richesse faunistique importante, une nature encore protégée et des paysages bocagers remarquables sur le territoire de la CCEALS qui sera un atout pour les années à venir, alors qu’un projet éolien sur une commune ne contribue qu’au développement de la zizanie dans des moments où nous aurions besoin de plus de solidarité.


Les associations de protection de l’environnement et du patrimoine du territoire cosignataires vous demandent de renoncer au développement de projets éoliens dans le cadre de l’élaboration du PCAET, au profit d’autres énergies pour produire de l’électricité.


Restant à votre disposition pour tout renseignement complémentaire et dans l’espoir d’une réponse favorable, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l’expression de nos sentiments les meilleurs.



Olivier DUBAR

Président

copie : Edith GUEUGNEAU

Vice-présidente en charge du PCAET


Associations :

Vent du Sud Morvan Montmort

Sauvegarde du Sud Morvan

Sauvegarde Nature du Patrimoine de Grury

Sauvegarde de l’Environnement Nature et Paysages de Saint-Aubin-sur-Loire

Projet éolien de Montmort. Courrier adresse à M. Julien Charles, Préfet de Saône-et-Loire

 

À Monsieur Julien Charles

Préfet de Saône-et-Loire

196 Rue de Strasbourg,

71000 Mâcon

Monsieur le Préfet,


Le 14 août 2018 la société Energie éolienne de Montmort a reçu d’un avis défavorable de la préfecture de Saône-et-Loire pour son projet éolien sur la commune de Montmort en considérant que les effets négatifs notables du projet sur l’environnement ou sur la santé humaine n’ont pu être évités ou insuffisamment réduits. A la suite de la décision du tribunal administratif du Dijon, vous avez signé (le 14 janvier 2020) un arrêté d’exploitation, attaqué aujourd’hui par l’association Vent du Sud Morvan


La société SARL parc EOLIEN de Marly a reçu un avis de rejet de la même préfecture pour son projet éolien sur la commune de Marly-sous-Issy, le 2 mai 2022, en prenant en considération :


  • Bibracte–Mont Beuvray est classé Grand site de France, notamment pour le caractère remarquable de son paysage et ses panoramas exceptionnels en particulier en direction du sud,

  • l’insuffisance des inventaires de l’avifaune et des chiroptères.


Je rappelle ici qu’en 2010, le précédent promoteur éolien EOLE RES avait abandonné son projet, à la suite de l’observation de vols nuptiaux du milan royal au-dessus de la commune de Montmort.


Les adhérents de l’association « Vent du Sud Morvan » ne comprendraient pas pourquoi l’élément principal de rejet du projet éolien de Marly-sous-Issy, soit l’étude paysagère de Bibracte -Mont Beuvray et sa distance d’exclusion de 30 km ne soit pas pris en considération dans le prochain arrêté de refus d’exploitation, alors même que Montmort est légèrement plus proche de Bibracte-Mont Beuvray que la commune de Marly-sous-Issy. Il serait cohérent que les mêmes causes produisent les mêmes effets.


Restant à votre disposition pour tout renseignement complémentaire et dans l’attente d’une suite favorable, je vous prie de croire, Monsieur le Préfet à l’expression de m a haute considération



Olivier DUBAR

Président

Copie : Rémy REBEYROTTE

Député de la circonscription


« Association « Vent du Sud Morvan »

siège : lieu-dit Bellevue

71320 Montmort

contact : olivier.dubar248@orange.fr


samedi 30 avril 2022

Il y a une loi pour les éleveurs et une pour les promoteurs éoliens !

 

« Il y a une loi pour les éleveurs et une pour les promoteurs éoliens ! »

Suite à notre enquête consacrée aux pollutions électromagnétiques en élevage (1), Jean-François Maquigny, éleveur laitier dans la Somme, a souhaité témoigner. Son exploitation, située au voisinage d’antennes-relais, de faisceaux hertziens et de multiples parcs éoliens, a vu apparaître des problèmes sanitaires sur le cheptel.

 

Les implantations d’éoliennes se sont multipliées dans la Somme.

C’est écrit dans un rapport de la DREAL des Hauts-de-France (2) publié en février 2020 : dans la Somme, le paysage sature de parcs éoliens. Premiers concernés par cet état des lieux : les agriculteurs et l’espace rural. « Dans un périmètre de 5 km autour de la commune, on compte une soixantaine d’éoliennes », témoigne Jean-François Maquigny, éleveur laitier à Moreuil, à 26 km au sud d’Amiens. Les deux derniers parcs, de trois et cinq mâts, plus hauts et plus puissants, ont été implantés non loin de son exploitation au printemps 2020 et mis en route la même année après dix ans d’une vaine bataille judiciaire. « Je suis épuisé par ce dossier ». Désormais, les éoliennes tournent à 200 mètres de ses pâturages, et à 800 mètres au nord-est de l’exploitation. En 2010 pourtant, la DREAL avait émis un avis négatif. « Le projet se situe en zone rouge, dans un espace naturel protégé ». L’Etat est passé outre. « Il s’accorde des droits pour lesquels nous serions condamnés ! », dénonce l’éleveur picard.

 ANIMAUX PROSTRÉS ET DÉSORIENTÉS

Seul éleveur dans le secteur, Jean-François Maquigny est depuis quelques années le témoin impuissant « d’un environnement qui se dégrade ». Le meilleur indicateur, c’est la santé de son troupeau laitier. Il y a trois ans environ, en plein été, « alors que les vaches sont en pâture, je retrouve six génisses prostrées qui se laissent mourir. J’ai des avortements en continu et beaucoup de maladie de Mortellaro ». Des événements sanitaires tout à fait exceptionnels pour cet éleveur, âgé de 60 ans. En 2018, d’autres phénomènes apparaissent et l’inquiètent. « Tous les jours, je constate des mouvements de panique dans les stabulations, des vaches apeurées et désorientées ». L’éleveur cherche à comprendre. Les premiers symptômes coïncident avec l’implantation de parcs éoliens à deux kilomètres au sud de sa ferme. « Nous sommes sur un sous-sol en craie, avec des rivières souterraines. Le surplus d’électricité qui n’est pas absorbé est rejeté dans le sol ». Une pollution souterraine qui viendrait troubler les animaux en pâture mais aussi leur séjour en bâtiment.

 UNE EXPERTISE DU GPSE  

Jean-François Maquigny va donc alerter sur ses problèmes. Au plus haut niveau. « J’ai rencontré Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. J’ai approché plusieurs fois le Président de la République au Sommet de l’Élevage il y a 2 ans pour lui dire qu’on ne pouvait pas autoriser un parc dans une zone rouge protégée, et demander aux agriculteurs d’être respectueux de l’environnement ! Emmanuel Macron m’a mis en contact avec son conseiller environnement qui m’a reçu à l’Élysée en octobre 2019 ». Un entretien d’une heure, jugé sincère. « Je lui ai exposé mon problème. Il a bien conscience des effets nuisibles, mais se dit impuissant ». Le conseiller élyséen oriente l’éleveur vers le GPSE, le groupe d’expertise électrique dans les élevages. Un expert venu de Seine-Maritime pose un diagnostic déconcertant. « Il m’a expliqué qu’il y avait une interaction entre les ondes électromagnétiques produites par les mouvements des pâles des éoliennes et celles des antennes-relais et radios ». À 30 mètres du bâtiment d’élevage, il y a en effet un château d’eau surmonté d’antennes-relais, de faisceaux hertziens et de réseaux mobiles privés. « Leurs ondes capteraient celles des éoliennes. Mais cette conclusion n’apparaît pas dans le rapport final du GPSE. Il minimise ces nuisances et maximise la négligence de l’éleveur ». Le diagnostic géobiologique de la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire arrivera pourtant aux mêmes conclusions que l’expert. « On est dans une complexité terrible, avec une multiplicité des pollutions difficile à prouver. Toujours est-il qu’on disparaît à petit feu ».

 DES TAPIS EN CAOUTCHOUC POUR ISOLER DU SOL

Pour protéger ses vaches et les isoler du sol, l’éleveur a posé des tapis en caoutchouc dans le bâtiment. « L’hiver dernier, j’ai encore investi 10 000 euros supplémentaires en tapis isolants. Il y a moins de soucis ». Les bêtes y séjournent une grande partie de l’été pour éviter les mortalités dans les pâturages. « 2021 a été la moins mauvaise des années, sans doute parce qu’il a fait moins sec ». Mais pour l’éleveur, la pilule est amère. « Je suis d’une sensibilité écologique, engagé dans la conservation des sols et le sans labour, proche des valeurs d’un père spirituel, Jean-Marie Pelt ». Un raconteur du vivant, pionnier de l’écologie française dont les valeurs ont poussé Jean-François Maquigny à transférer la ferme parentale loin de la ville, « pour être au milieu des champs », proche de la nature. Une nature dont l’intégrité se trouve aujourd’hui atteinte.

 Nathalie Barbe

(1) Grands Troupeaux Magazine, septembre 2021, n° 92.

(2) Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.

 

 LE POINT DE VUE VÉTÉRINAIRE

« L’expertise vétérinaire peut aider sur la compréhension des soucis sanitaires, mais il faudrait mener une étude statistique dans les fermes entourées de parcs éoliens, avec un examen précis des événements sanitaires qui ont eu lieu. La difficulté aujourd’hui, c’est d’apporter la preuve scientifique » , analyse prudemment Marianne, la vétérinaire, mandatée par la DDPP (3) pour observer le troupeau et les scènes de panique dans le bâtiment équipé de caméras.

(3) Direction départementale de la protection des populations.

 

DIX ANS DE BATAILLE JUDICIAIRE

En juillet 2010, pour mener la bataille judiciaire contre le projet d’éoliennes de Moreuil, Jean-François Maquigny cofonde avec Alain Bouton, devenu son président, l’association Vent Debout. « On s’est tous faits rétamer ! Condamnés à des milliers d’euros pour procédure abusive ! ». En effet, le tribunal administratif d’Amiens ne retient que l’intérêt à agir. Or, l’association a vu le jour après le dépôt du permis de construire du promoteur. « Cela condamne d’avance tous les recours », déplore Alain Bouton. Dix ans de combat devant la justice ont saigné l’association : près de 20 000 euros en frais d’avocat et de condamnation. « On ne réclamait pas d’argent, juste le droit de conserver notre cadre de vie ! » Son opposition au parc éolien a valu à Jean-François Maquigny plusieurs visites des renseignements généraux sur la ferme. « Je dérange », avoue-t-il.