samedi 6 mars 2021

Bill Gates: le nucléaire va redevenir incontournable

Le milliardaire vante une technologie propre, très sûre, et plus réaliste que les énergies renouvelables.

Le milliardaire, qui a toujours plaidé en faveur du nucléaire, avance deux arguments chocs en faveur de cette énergie: la lutte contre le changement climatique (le nucléaire ne produisant pas de gaz à effet de serre) et, paradoxalement, la sécurité.

Bien que les accidents de Tchernobyl ou Fukushima aient attiré l'attention du public, «le nucléaire est plus sûr que n'importe quelle autre source d'énergie», assure ainsi l'ex-patron de Microsoft.

Selon une compilation d'études citée par le site Visual Capitalist, le nucléaire provoque la mort de 90 personnes pour chaque 1.000 TWh produits, contre 100.000 morts pour le charbon, 36.000 morts pour le pétrole, 440 pour le solaire ou 150 pour l'éolien.

Quant aux énergies renouvelables tant adulées par les écologistes, elles seraient impossibles à mettre en œuvre à grande échelle, soutient le milliardaire. «Les énergies renouvelables [qui doivent être stockées car elles sont intermittentes] sont confrontées à un problème insurmontable: les batteries».

Et il sait de quoi il parle. «J'ai perdu plus d'argent que quiconque dans la technologie des batteries», rappelle l'investisseur, ajoutant immédiatement qu'il est toujours engagé dans cinq entreprises liées au stockage de l'énergie.

Mini-centrales, maxi-efficacité

En passant sur la question du stockage des déchets radioactifs, Bill Gates concède tout de même un défaut au nucléaire actuel: son prix faramineux.

En raison des normes de sécurité toujours plus strictes, une centrale nucléaire type EPR comme celle de Hinkley Point en Angleterre, construite sous la houlette d'EDF, coûte entre 24,3 et 25,4 milliards d'euros.

Sans compter qu'une telle centrale nucléaire met une dizaine d'années à être mise en service, lorsque des panneaux solaires ou des éoliennes peuvent être installés en quelques mois.

 La solution viendra selon Bill Gates des mini-centrales nucléaires, modulables, plus sûres en cas d'incident et adaptées à une production décentralisée. Cela tombe bien: il a fondé en 2006 TerraPower, une startup qui projette de commercialiser des petits réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium liquide.

Bill Gates est coutumier d'aller à contre-courant du politiquement correct. Outre le nucléaire, sa Fondation finance aussi des programmes sur les moustiques génétiquement modifiés contre la dengue ou le virus zika, la contraception, et défend les OGM qui selon lui peuvent «résoudre la faim dans le monde». Entre les écologistes, les catholiques et les anticapitalistes, cela fait beaucoup d'ennemis potentiels.

Comment les règles limitant l’installation des éoliennes ont été démantelées

Depuis près de dix ans, les gouvernements successifs ont sapé le cadre législatif qui permettait de contrôler et de maîtriser l’implantation des éoliennes, tandis que le droit d’agir en justice des opposants a été rogné,s’alarment les auteurs, respectivement avocat à la cour et président de la Fédération environnement durable BUTRÉ, JEAN-LOUIS MONAMY, FRANCIS 

Le droit applicable aux éoliennes est une illustration caricaturale du pouvoir qu’ont acquis les groupes de pression dans notre pays. Près de 9 000 éoliennes ont déjà été installées en France.La programmation pluriannuelle de l’énergie décidée par le gouvernement le 21 avril 2020 prévoit de doubler leur nombre à l’horizon 2028. Or les règles gouvernant leur implantation n’ont cessé de s’assouplir depuis dix ans, quand, dans le même temps, les contraintes n’ont cessé de s’alourdir pour ceux qui les contestent.Les parlementaires avaient pourtant progressivement construit un cadre juridique propre à assurer un contrôle des services de l’État et des élus locaux sur le développement des éoliennes. Ce contrôle est justifié par l’ampleur des impacts des parcs éoliens sur le cadre de vie des riverains,les paysages, le patrimoine historique et la biodiversité. 


C’est ainsi qu’avaient été instituées par une loi de 2000 des zones de développement de l’éolien (ZDE). Créées à l’initiative des commune sou des intercommunalités, ces zones, qui prenaient en compte la faune et le paysage, étaient les seules dans lesquelles les promoteurs pouvaient s’installer pour bénéficier du tarif préférentiel d’achat de leur électricité. Puis, une loi de 2010 avait obligé les opérateurs à obtenir, en sus d’un permis de construire, une autorisation d’exploiter au titre des installations classées de façon, entre autres, à ce que les conséquences sur l’environnement soient examinées avec tout le soin nécessaire. Alors que les éoliennes ne dépassaient pas à cette époque 130 mètres de hauteur,cette loi avait imposé un retrait (déjà insuffisant) de 500 mètres par rapport aux habitations afin de tenter de protéger les riverains des nuisances visuelles et auditives. Et la même loi avait interdit les parcs de moins de cinq machines pour prévenir un mitage du territoire.Hélas, une déréglementation, voulue par les gouvernements successifs, est ensuite intervenue.N’ayant pu empêcher la mise en place du cadre juridique qu’on a décrit, la filière éolienne s’est mobilisée pour le faire disparaître. La première étape a consisté à obtenir la suppression des ZDE et du seuil minimal de cinq éoliennes en 2013 et ainsi à supprimer toute planification opérationnelle. Le pouvoir des élus locaux, qui ne répondaient pas avec toute la souplesse nécessaire aux exigences des promoteurs éoliens, a du même coup été considérablement diminué.Les professionnels ont pourtant persisté à réclamer « quelques adaptations réglementaires »supplémentaires. Leurs efforts ont été récompensés. Le gouvernement, par un simple arrêté ministériel de 2017, a permis aux parcs de moins de sept mâts de profiter de l’avantageux tarif préférentiel d’achat de l’électricité et de ne pas passer par les appels d’offres qui suscitent des prix inférieurs à ce tarif. Pour profiter au mieux de cette possibilité, il semble que certains n’aient pas hésité à découper leurs parcs en sous-ensembles inférieurs à sept éoliennes, mitant un peu plus le territoire.La loi prévoit qu’à l’issue de l’exploitation, l’installation est démantelée et le site remis en état. Or le gouvernement a permis, par de simples arrêtés ministériels pris en 2011 et 2014, que les fondations dans leur presque intégralité (soit des dizaines de millions de tonnes de béton armé restant à jamais enterrées) et les câbles électriques eux aussi dans leur presque intégralité (soit des dizaines de milliers de kilomètres de fils électriques destinés à demeurer sur place) ne soient pas retirés à l’issue de l’exploitation.Sans doute une réforme du 22 juin 2020 a-t-elle prévu que les fondations seraient désormais entièrement excavées, mais cette réforme permet hypocritement de maintenir l’essentiel du socle de l’éolienne dans le cas où le bilan environnemental est défavorable. Gageons que les promoteurs sauront démontrer, études à l’appui, que le bilan environnemental s’oppose à ce que la nature reprenne ses droits.Brochant sur le tout, le gouvernement a, en 2017, dispensé les parcs éoliens de permis de construire, faisant de ces parcs les seules constructions de cette importance qui, en France, en sont dispensées.Le mouvement n’a pas faibli depuis, puisque le groupe socialiste à l’Assemblée a présenté le5 janvier 2021 une proposition de loi visant à annihiler définitivement le pouvoir des communes et des intercommunalités en les contraignant à décliner dans leurs plans d’urbanisme les choix décidés en la matière à l’échelle régionale, dans le but d’atteindre les objectifs de doublement de la capacité des parcs éoliens en 2028.La volonté de développer massivement l’éolien caractérise ainsi tous les gouvernements depuis dix ans, en ce compris l’actuel. Nos concitoyens, dont les maires ont été mis hors-jeu, ne disposent plus que des tribunaux pour faire entendre leur voix. Mais cette forme d’opposition, conforme aux principes démocratiques élémentaires, paraît insupportable aux professionnels de l’éolien.Aussi ont-ils obtenu que, par un décret de 2016, la cour administrative d’appel de Nantes soit l’unique juridiction à connaître des recours contre les parcs éoliens maritimes, avant que finalement la loi du 7 décembre 2020 n’attribue ce contentieux au seul Conseil d’État. Quant aux parcs éoliens terrestres, ils sont désormais jugés en premier et dernier ressort par les cours administratives d’appel en vertu d’un décret de 2018. La règle fondamentale du double degré de juridiction est donc ici bafouée. Les opposants à des éoliennes ne peuvent plus faire appel d’un jugement défavorable.À cela s’ajoutent diverses mesures destinées à accélérer le cours des procès et à cristalliser rapidement le débat contentieux de façon à empêcher les requérants de disposer du temps nécessaire à la présentation de leur argumentation. Là où la faculté de se faire entendre par trois juridictions successives est reconnue à tout justiciable lorsqu’il attaque l’abri de jardin que construit son voisin, les opposants qui contestent à 500 mètres de leur domicile des éoliennes qui atteignent aujourd’hui 240 mètres de hauteur, bien qu’ils déclenchent un procès qui soulève des enjeux considérables, voient leur capacité d’action juridique rognée.Depuis bientôt dix ans, le droit éolien a été méthodiquement démantelé, au détriment de la préservation de l’environnement. Faut-il s’étonner de renforcer ainsi un sentiment d’injustice chez les Français, qui alimente une opposition toujours plus forte et active aux éoliennes ? Me FRANCIS MONAMYET JEAN-LOUIS BUTRÉ

samedi 20 février 2021

Les parlementaires questionnent l'impact des ondes sur les animaux d'élevage

Suite à une saisine de la Commission du développement durable de l'assemblée nationale, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques a organisé plusieurs tables-rondes, le 18 février, sur le sujet délicat de l'impact des ondes électromagnétiques sur les animaux d'élevage.

 

Comportements anormaux, perte de productivité et de qualité, décès inexpliqués… Ces constatations, des éleveurs installés à proximité d’installations électriques, d’éoliennes, d’antennes relais, sont des centaines à les faire. Néanmoins, le lien direct entre les ondes électromagnétiques et les problèmes rencontrés dans l'élevage reste difficile à établir, et les pistes d’amélioration et de recours, pour les producteurs concernés, s’avèrent quasi-inexistantes. Saisi par la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (OPECST) a organisé le 18 février près de quatre heures d’audition et de témoignages d’experts, d’éleveurs, de vétérinaires, de scientifiques.

Et cet échange de vues était plus que nécessaire tant la problématique est complexe, que ce soit « au niveau des phénomènes physiques en jeu, de la différence de nature des installations, de la méconnaissance de la réaction des animaux, et des méthodes et outils qui examinent mais laissent sans réponse de nombreuses questions », souligne le député du Maine-et-Loire Philippe Bolo (Modem), en charge d’un rapport sur cette question de l’impact des ondes électromagnétiques sur les animaux d’élevage. La difficulté est d’autant plus manifeste que, parfois, des exploitations se trouvent à proximité d’installations électriques sans que l’on constate de problème particulier.

 

Une vulnérabilité particulière des élevages

Les différentes études montrent, en tout cas, une vulnérabilité particulière des élevages vis-à-vis des ondes électromagnétiques : beaucoup d’éléments métalliques sont présents dans les bâtiments, le matériel utilisé peut aussi renforcer les phénomènes (robots, racleurs,…). Et il existe aussi des vulnérabilités plus fortes en fonction des saisons : en hiver, quand les animaux sont davantage en bâtiment et que l’électricité est davantage utilisée, ou en période de sécheresse, quand la prise de terre est enfoncée dans un sol trop sec, explique ainsi Laurent Delobel, docteur vétérinaire.

À partir de l’expérience d’Henri Laborit, il explique également comment se comportent les animaux en cas d’inconfort chronique générant du stress. La première option est la fuite, une situation constatée par des éleveurs à proximité d’installations électriques : par exemple, certaines aires paillées sont délaissées, les animaux se regroupent à un seul endroit. Quand la fuite n’est pas possible, on observe une baisse des comportements grégaires, puis une prostration. Certains signes comportementaux sont caractéristiques, comme une vache qui lape l’eau au lieu de boire normalement, explique le vétérinaire.

Des éleveurs souvent livrés à eux-mêmes

Pour Alain Crouillebois, éleveur laitier dans l’Orne, les ondes électromagnétiques, sont ainsi « huit années de galère ». Installé en 1996, son exploitation alimentée par un ouvrage électrique aérien ne connait aucun problème particulier. En 2011, Enedis remplace l’installation par une ligne moyenne tension en sous-terrain. « À partir de là, j’ai constaté une baisse de production, une dégradation de la qualité du lait, des mouvements anormaux des vaches. J’ai été obligé de faire des aménagements pour forcer les animaux à aller au robot de traite, ce qui n’est pas normal », explique-t-il. L’éleveur connait également des problèmes de croissance et de santé sur les veaux, et perd beaucoup d’animaux. En 2017, l’analyse du GPSE (Groupe permanent pour la sécurité électrique en milieu agricole) préconise des aménagements mais « rien sur les ouvrages d’Enedis à proximité de mon bâtiment », témoigne-t-il. Ce n’est qu’après avoir pris en charge le déplacement des ouvrages sous-terrain 150 mètres plus loin, en 2019, que tout redevient comme avant : « le comportement des animaux est redevenu normal, les vaches ont réaccédé d’elles-mêmes au robot, je n’ai plus eu de souci de croissance. J’ai retrouvé une vie sereine après huit années de galère », commente l’éleveur.

 

S’il n’est pas le seul éleveur à rapporter une dégradation avérée de la situation de son élevage suite à la mise en place d’installations électriques, le lien de cause à effet reste difficile à prouver, et obtenir des aménagements sur ces installations s’avère complexe. L’Anast (Association des éleveurs sous tension) rassemble les témoignages d’éleveurs dans cette situation pour assurer une défense collective.

Du côté de l’OPECST, des propositions doivent être faites suite à ces auditions pour assurer notamment une plus grande transparence. « On a besoin de creuser encore, du point de vue scientifique, sachant que ces problématiques relèvent aussi de la géologie, et qu’il n’y a rien de plus compliqué que la géologie », conclut le député de l’Essonne Cédric Villani (EDS), président de l’office. « Les cas rapportés sont de vrais cas de souffrance, nous allons apporter du suivi », ajoute-t-il.


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Pourquoi AVDSM a engagé un recours?

La directive de l'Union Européenne précise que l'Autorité environnementale doit pourvoir statuer en complète indépendance. Quelle exigence d’autonomie pour l’autorité chargée de se prononcer sur l’évaluation environnementale ?

Un projet de dix éoliennes a fait l’objet d’une autorisation d’exploitation sur le territoire de quatre communes proches de Vesoul. L’autorisation ne pouvait être donnée qu’après évaluation environnementale, ce qui impliquait donc une participation du public, la réalisation d’une étude d’impact et la consultation d’autorités expertes telles que l’entend la réglementation européenne Cf. directive 2011/92/UE du 13 décembre 2011.

Pour répondre à ce dernier critère, plusieurs autorités font office, en France, d’« autorité environnementale », dont le ministre de l’environnement, les préfets de région ou encore les missions régionales d’autorité environnementale (MRAE).

En l’occurrence, l’un des moyens développés par les requérants visant à remettre en cause l’autonomie de l’autorité environnementale s’étant prononcée sur le projet dans la mesure où elle se montrait dangereusement proche de l’autorité administrative ayant délivré l’autorisation d’exploiter. En effet, l’autorité saisie était le préfet de région et donc a priori distincte de l’autorité ayant pris la décision d’autorisation qui était le préfet de département. Si, en théorie, cette configuration n’est pas incompatible, il s’est en réalité avéré que « la même unité territoriale de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Franche-Comté avait à la fois instruit la demande d’autorisation et préparé l’avis de l’autorité environnementale ».

Ce faisant, l’exigence d’autonomie de l’autorité environnementale ne pouvait être satisfaite. Le Conseil d’État a donc censuré l’arrêt de la cour administrative d’appel pour méconnaissance des exigences de la directive du 13 décembre 2011.

 

lundi 15 février 2021

Comprendre le développement de l'éolien en 5 minutes

Bien sûr cette vidéo a été détournée et les commentaires en français ont été ajoutés sur des images qui datent d'au moins 6 ans.

Mais je vous promets que le rire communicatif de cet Espagnol enregistré lors d'une émission de téléréalité ensoleillera votre journée.

Ce trucage est à l'initiative de l'association "Vivre au pied du Mont d'or". Bravo à eux!
 

mardi 15 décembre 2020

LE GRAND N'IMPORTE QUOI!

 Suite à la visite du Président Macron à l'usine Framtome du Creusot la web TV "au fil de l'actu" a posté une vidéo pédagogique intitulée :le nucléaire, la grande incohérence de Macron. 

A voir, pour enfin ne rien comprendre!



mardi 8 décembre 2020

La nécessaire relance de la filière nucléaire française

 

Tribune d’Alain Desgranges, ancien directeur des tranches 3 et 4 de la centrale du Blayais

La politique énergétique de notre pays n’est plus adaptée à une situation où les besoins en électricité vont croissant en raison notamment de l’évolution démographique et de ses nouveaux usages (mobilité électrique, fabrication d’hydrogène, numérique … ).

Mais il n’est pas simple de concevoir un mix énergétique équilibré qui contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre,  produit une électricité à un coût raisonnable et dont les installations de production (mais aussi les lignes de transport ) soient acceptables par les riverains concernés, qu’elles soient thermiques (cycles combinés au gaz), éoliennes ou nucléaires.

A cet égard, le Chef de l’Etat avait reconnu en début d’année qu’il fallait tenir compte de l’hostilité croissante de la population concernée par les projets de développement de l’éolien, notamment l’éolien terrestre.

Interrogé sur la transition écologique à l’occasion des inondations de St – Martin – Vésubie et de l’impact du dérèglement climatique sur ces catastrophes, il avait été aussi très clair “ Si on ferme des centrales nucléaires, on est obligé d’ouvrir aujourd’hui des centrales au charbon !…” Une déclaration qui vient pourtant de se vérifier ces dernières semaines avec un peu d’avance sur le calendrier.

Mais aussi une affirmation paradoxale au lendemain de la fermeture anticipée de la centrale de Fessenheim qui a jeté quelques troubles dans l’opinion, le redémarrage de ces centrales au charbon laissant augurer le pire pour les mois à venir.

Malheureusement, cette situation confirme les errements de notre politique énergétique depuis plusieurs années et son incapacité à répondre aux enjeux majeurs qui se posent à elle.

Les craintes de coupure

C’est ainsi que les médias se sont fait l’écho de possibilités de coupures de courant ce prochain hiver, sans doute pour préparer l’opinion à l’impensable.

S’agissant de ces risques à venir, la ministre de la Transition écologique a eu une réponse dictée par ses convictions profondes, plus que par les faits, en faisant état de l’impact de la crise sanitaire sur l’entretien de nos réacteurs, ce qui n’est pas faux, mais en oubliant au passage de convenir que l’arrêt anticipé de Fessenheim, qui aurait pu attendre, est un facteur aggravant.

Par ailleurs, son insistance à profiter de cette situation pour dénoncer la prédominance du nucléaire dans notre mix énergétique est quelque peu inconvenante.

De surcroît, cette appréciation est inexacte dès lors que l’interconnexion des réseaux européens permet aujourd’hui de mesurer la diversification d es moyens de production à l’aune du continent européen et non du territoire national, ce qui change tout.

Mais comment en sommes-nous arrivés là alors que nous étions exportateurs d’électricité ces dernières années ?

Pourquoi, lorsque la météo nous en fait l’obligation, sommes-nous devenus un pays sous-développé obligé de recourir à l’importation massive de courant produit par les centrales au charbon de l’Allemagne, qui se moque pas mal de ses émissions de CO2 ?…

Comment se fait-il que l’Etat français soit incapable de résister à la Commission Européenne qui veut troquer le démantèlement d’EDF, l’un de nos derniers fleurons industriels, contre la révision de l’ARENH, cette disposition inique qui oblige EDF à vendre son électricité à ses concurrents à des prix bradés ?

Le nucléaire est une énergie d’avenir comme le rappellent avec force les experts du GIEC

A l’aube du « monde d’après » il revient à l’Exécutif de corriger le cap et de reconnaître les atouts du nucléaire, seule énergie avec l’hydraulique qui soit en capacité d’atteindre les objectifs de la SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) et de satisfaire ainsi à nos engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de l’Accord de Paris.

Avec le plan de relance de l’économie dans lequel l’Etat a déclaré le « nucléaire bon pour le climat » s’ouvre la perspective d’un tournant de la politique énergétique de la France. Le gouvernement inclut en effet l’énergie nucléaire dans ce plan au titre des énergies et des technologies vertes qui ont un « potentiel de réduction massive des émissions à long terme » .

Un premier pas de notre pays qui reconnaît ( enfin) les atouts du nucléaire. La France marquant ainsi sa différence avec la Commission Européenne qui n’en est pas encore à ce point majeur, excluant le nucléaire de la taxonomie tout en y intégrant le gaz !

Mais il faut aller plus loin et donner toute sa cohérence à la politique énergétique de la France en revenant sur la LTECV (Loi Transition Energétique pour une Croissance Verte ), notamment la limitation arbitraire à 50 % de la part du nucléaire dans notre mix énergétique qui entraînera l’arrêt anticipé de 12 réacteurs s’ajoutant aux deux de Fessenheim à l’horizon 2035 .

Une limitation sans aucune justification hormis un accord électoral d’un autre temps. Dans cette perspective, la répartition entre nucléaire et renouvelables devrait être déterminée en tenant compte de la compétitivité des différents moyens de production, de leur réelle contribution à la lutte contre le réchauffement climatique et de leur capacité à assurer la sûreté du système électrique et à contribuer à l’indépendance énergétique de la France.

Et surtout pas sur des considérations idéologiques qui n’ont pas leur place dans cette démarche. Sur ces mêmes critères, il conviendrait de redéfinir les systèmes de subventions de certaines de ces énergies alors qu’elles se déclarent compétitives avec le nucléaire.

Des paroles aux actes

Il reviendra aussi au gouvernement de résister aux exigences de la Commission Européenne qui, sous prétexte d’un libéralisme trompeur, reste hostile au nucléaire et veut la disparition d’EDF, influencée en cela par nos voisins outre-Rhin égaré s dans l’impasse de l’Energiewende.

Alors que la rumeur prête au Président de la république l’intention de relancer la filière nucléaire française qui fût longtemps un exemple mondial, la mise en œuvre dans les meilleurs délais d’ un programme de construction de six EPR 2 permettrait de consolider le maintien des compétences qui ont fait cruellement défaut pour le chantier de l’EPR de Flamanville, en continuité des projets dans le Royaume Uni de Hinkley Point C et de Sizewell C .

Bien entendu, Emmanuel Macron a la connaissance de tous ces sujets et il n’était nul besoin de les lui rappeler.

Sauf pour attirer son attention et celle des élus en responsabilité sur ce dossier de notre intime conviction qu’il n’est que temps de passer des paroles rapportées en début de cette tribune aux actes qu’impose le sauvetage de la filière nucléaire française qui, avec ses 220 000 emplois de haute technicité et non délocalisables, reste la troisième en France derrière l’automobile et l’aéronautique.

source: https://www.lemondedelenergie.com/relance-filiere-nucleaire-francaise-tribune/2020/12/07/