mercredi 29 juin 2016

L'impact de l'éolien est tel qu'on ne peut pas l'intégrer

Jean-Jacques Verdier espère que le développement de l’éolien sensibilise l’État et les élus à la qualité des paysages nivernais.
 
 Source: le Journal du Centre 28:6/2016
Jean-Jacques Verdier est consultant en paysage. Il alerte depuis plusieurs années sur le manque de reconnaissance de la qualité des paysages nivernais. Il plaide pour que le développement de l'éolien amène l'État et les élus à en prendre conscience et à mieux organiser l'aménagement du territoire.
Jean-Jacques Verdier a initié, en 2008, la réalisation de l'Atlas des paysages de la Nièvre, conduit par les services de l'État, afin d'identifier ses territoires. Mais aujourd'hui, il déplore toujours la faible diffusion de cet Atlas et le manque de compétences à disposition des élus pour les aider dans leurs décisions d'aménagement du territoire.

C'est dans un tel contexte, estime-t-il, que les porteurs de projets, comme ceux qui veulent implanter des éoliennes, peuvent s'engouffrer dans la brèche : ce sont eux qui conseillent les élus en leur vendant leur projet, ce qui les rend juges et parties. Jean-Jacques Verdier regrette aussi le manque d'études d'urbanisme de type Scot (*) et Plu (*), lors desquelles les habitants sont consultés en amont des projets. Aujourd'hui, on présente à la population des projets déjà avancés, ce qui occasionne des conflits.

Qu'est-ce qu'un (beau) paysage ?
Le paysage est indissociable de la perception de l'observateur, de son regard et de la culture qui lui est associée. Un paysage est identifié lorsqu'il est reconnu par la population, les élus et les touristes. Dans la Nièvre, le Morvan a une reconnaissance nationale, le canal du Nivernais et Nevers, aussi. Moins le val de Loire et l'ensemble du Nivernais, malgré leur valeur.
 
Pourquoi, alors que le Morvan est un paysage reconnu, c'est là que le projet d'éoliennes veut s'implanter ? Ce n'est pas tout à fait le Morvan, justement. L'Atlas des paysages le définit comme le Pays de Fours et Cercy-la-Tour est à la limite du Bazois.

Une construction humaine, telle que l'éolienne, nuit-elle forcément à un paysage de nature ? Non, les paysages, ne serait-ce que par les champs cultivés, ont été façonnés par l'activité de l'homme. Ils sont évolutifs par nature, pas figés. Mais l'impact de l'éolien est tel qu'on ne peut pas l'intégrer, il crée de nouveaux paysages. Il faut s'interroger sur la maîtrise de ce que l'on construit : la qualité et l'endroit approprié.
 
Les éoliennes ne peuvent-elles pas rendre un paysage attractif ? 
Le viaduc de Millau, par exemple, est un ouvrage d'art et apporte un plus dans son environnement. Les éoliennes sont au contraire toutes identiques. Les multiplier risque de banaliser les paysages : ils se ressembleront tous. Les adeptes du tourisme vert préfèrent les territoires préservés. Ils iront là où il n'y a pas d'éolien.

Comment faire pour répondre aux besoins énergétiques sans banaliser les paysages ? 
En diversifiant les énergies renouvelables. La Nièvre est, par exemple, un territoire éminemment forestier mais utilise insuffisamment son bois.
(*) Schéma de cohérence territoriale et Plan local d'urbanisme.
Alice Chevrier

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