mercredi 25 mai 2016

Réponse à Marie-Guite DUFAY


Madame la Présidente,

Le 21 Avril dernier, le Journal du Centre a publié un compte-rendu de votre intervention devant  une assemblée de membres du « cluster » éolien et des collectivités à Longvic.

Au  cours  de  cette  intervention,  vous  avez  déclaré :  « Je  suis  inquiète  face  à  l’intolérance d’organisations  qui  sont  très  structurées »,  et  qui  font  échouer  bon  nombre  de  projets. Vous visiez ainsi les associations de lutte contre les industriels de l’éolien, associations qui se multiplient dans la Nièvre et la Saône-et-Loire comme ailleurs en Bourgogne et dans toute la France.

Cette déclaration est inacceptable.

D’abord, comme vous le savez, la décision finale concernant chaque projet revient à l’Etat, représenté par le Préfet de département. Mettriez-vous en doute la pertinence des décisions de l’Etat lorsque ses services refusent d’accorder des permis ?
D’autre part, si nombre de projets échouent, c’est bien souvent suite à des décisions de justice. Auriez-vous oublié que nous vivons encore, en principe, dans un régime de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la Justice ?

Enfin,  il  est  inacceptable  qu’une  élue  désigne  ainsi  à  la  vindicte  publique,  pour  «intolérance »  et capacité à former des « organisations très structurées » (on n’est pas loin de la « bande organisée »  !...) des citoyens qui donnent énormément de leur énergie, de leur temps, de leur argent (établissement de dossiers, tracts, courriers, frais d’avocat, etc.) pour défendre ce qu’ils estiment être une juste cause, et qui n’ont à attendre aucune « retombée » financière de leur action. 

En revanche, parmi ces maires que vous présentez comme de pauvres victimes qu’il faudrait secourir, un certain nombre, pour ne pas dire un nombre certain, ont des intérêts personnels d’ordre financier dans les projets. Heureusement,  beaucoup  d’autres  élus, dans  beaucoup  de  communes,  refusent  de  céder  à  la pression des industriels du vent. Allez-vous ésormais les y contraindre ?

« Intolérance », dites-vous. Mais que vaut-il mieux, notre intolérance, ou au contraire une trop grande tolérance ?

-Tolérance à la dénaturation irréversible des paysages naturels (qui font la réputation de la France) et des sites historiques, au prétexte que « l’esthétique, c’est subjectif »,
-Tolérance à  la destruction d’écosystèmes propices à  la sauvegarde de  la  biodiversité, que vous prétendez protéger, 
-Tolérance aux nuisances sonores et visuelles et aux risques pour la santé (problème des infrasons désormais avéré, malgré le silence officiel) que devront supporter les riverains,
-Tolérance à  la perte de valeur du patrimoine  immobilier de ces mêmes riverains (perte avérée, malgré le déni des industriels de l’éolien),
-Tolérance à la déchirure du tissu social des villages, entre victimes et bénéficiaires du système.
Et peut-être plus grave encore,
-Tolérance  aux  promesses  mensongères  du  lobby  international  de  l’éolien,  à  la  surestimation constante des résultats énergétiques et des créations d’emplois, aux études de faisabilité couvertes par le « secret industriel et commercial », aux « sondages » payés, comme les études, par les promoteurs eux-mêmes,
-Tolérance  aux  tentatives  d’achat  des  populations  et  d’obtention  de  leur  silence  à  travers  des financements « participatifs » qui promettent trois sous de dividendes à des petits épargnants, pendant que les multinationales de l’éolien s’engraissent d’argent public (c’est ce que vous appelez « améliorer l’acceptabilité des éoliennes »).

Oui, le recours aux énergies renouvelables est nécessaire dans la lutte contre le dérèglement climatique. Mais d’autres énergies renouvelables existent.
Pourquoi alors, dans  les discours des politiciens et des élus acquis à  l’éolien,  y a-t-il une confusion constante  entre  « énergie  renouvelable »  et  éolien ?  Pourquoi  ces  mêmes  politiciens  et  élus s’obstinent-ils à vouloir imposer d’abord et avant tout cette énergie-là, alors qu’une part croissante de la population (et même les experts) conteste son efficacité et son coût et s’y oppose ?
Nous  nous  sommes  interrogés  sur  ce  mystère,  et  nous  pensons  avoir  trouvé  la  réponse.  Les aérogénérateurs sont maintenus par un socle en béton armé enfoui dans le sol, sur des terrains (publics ou  privés)  bien  précis  et  bien  repérés.  Chaque  machine  peut  donc  générer  facilement  taxes  et loyers, et des implantations peuvent être partout envisagées. Ce n’est pas le cas de l’énergie solaire, de la géothermie ou du biogaz.

L’éolien serait donc l’énergie renouvelable la plus favorable à un vaste transfert d’argent public de l’Etat vers les collectivités territoriales (ainsi que vers des agriculteurs et des forestiers), par le biais de  l’exorbitant tarif d’achat obligatoire par EDF de l’électricité éolienne et par l’intermédiaire des sociétés de promotion et d’exploitation des « parcs » (qui se rémunèrent au passage). Le niveau officiel de la dépense publique d’Etat s’en trouve ainsi préservé d’autant…

Voilà sans doute pourquoi, au terme du processus, quelques 75 millions de mètres-cubes de béton armé indestructible auront été enfouis dans la terre de nos champs et de nos forêts, sans résultat significatif, ni  pour  diminuer  les  émissions  de CO2 (voyez  l’Allemagne),  ni  pour  permettre  d’éliminer  le nucléaire (voyez l’actualité).

Tout cela est intolérable et c’est pourquoi, en effet, nous ne le tolérons pas.

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