Au Gaec de la Liez, à Lecey, Sandra et Anthony Varney se trouvent dans une impasse en assistant, impuissants, à une surmortalité de leurs animaux. La présence démontrée d’ondes électromagnétiques pose question. Nicolas Lacroix, le président du Conseil départemental de la Haute-Marne, est allé à leur écoute et souhaite la mise en place d’une veille afin de mesurer l’importance du problème et, éventuellement, de le contrecarrer.
Sandra et Anthony Varney ne cachent plus leur désarroi. A la tête du Gaec de la Liez, ils sont éleveurs à Lecey, dans le sud de la Haute-Marne et, alors que tout allait bien dans la conduite de l’exploitation, il y a 6 ans, la situation s’est fortement dégradée sans réelles explications dans un premier temps.
Les pertes d’animaux se sont accumulées avec, en 6 ans, 90 bovins adultes décédés et des dizaines de veaux morts. La fertilité du troupeau s’est détériorée dans le même temps et Anthony Varney raconte que la production de lait et de viande a marqué le pas. Pire : il en est venu à doubler la quantité de nourriture apportée aux animaux pour voir les productions s’effondrer.
Perte de production
Alors qu’en moyenne, ses Prim’holsteins produisaient plus de 10 000 kg par lactation, elles chutent à 6 000 kg. Là où les vaches produisaient une moyenne de 30 litres par jour, elles atteignent péniblement les 20 litres. Résultat : alors que le Gaec a une référence laitière de 900 000 litres, il n’arrive plus à produire. En 2022, il manque 200 000 litres alors que l’effectif du troupeau a été augmenté.
De multiples analyses ont été effectuées sur les animaux morts sans qu’elles ne fournissent de réponses. Les vétérinaires ne cachent pas leur impuissance et alors qu’Anthony Varney n’y croyaient pas spécialement, les éleveurs se sont penchés sur les conséquences des antennes et des éoliennes implantées sur le secteur.
Sandra Varney a alors fait venir un géobiologue qui a constaté la présence d’ondes électromagnétiques qui perturbent les animaux. Il parle même d’un cas d’école. Il leur est expliqué que les prises de terre des éoliennes à une dizaine de kilomètres à vol d’oiseau sont branchées sur des failles humides qui passent sous la ferme. Trois rivières souterraines sont décelées sous les bâtiments d’élevage ainsi que des ondes issues des antennes téléphoniques.
Sentiment d’impuissance
Pierres appelés menhirs, fils de cuivre dans le sol, barres de captation… le géobiologue installe aussitôt des paravents pour contrecarrer ces ondes. Ils ont effectivement des effets mais Sandra Varney raconte que dès l’ouverture d’une autre antenne ou la remise en marche des éoliennes, les effets s’estompent et la mortalité des animaux repart ainsi que la baisse de la production. Début février, ils ont encore perdu trois animaux après un affaiblissement soudain et inexplicable.
Autant dire que les éleveurs sont désespérés. A 50 et 47 ans, ils savent qu’ils ne pourront pas continuer ainsi. L’installation de leur fille Océane est remise en cause et financièrement, ils ne s’en sortent plus. Ils ont alerté leur laiterie (Savencia) et leur acheteur de bovins (Maigret) et avouent qu’ils ne peuvent pas continuer de travailler à perte.
Anthony Varney vit cette situation comme un échec avec un sentiment d’impuissance. Quant à son épouse, elle est davantage en colère en implorant toutes les institutions en capacité d’agir de surveiller les conséquences des antennes et des éoliennes sur les animaux et sur les hommes. Elle s’interroge : « quel est l’avenir de l’élevage dans ces conditions alors que l’on nous parle de souveraineté alimentaire ? ». Elle est prête à recevoir et à en parler avec Anne Cornet, la Préfète.
Frédéric Thévenin
frederic.thevenin@haute-marne.fr
Nicolas Lacroix à l’écoute d’éleveurs désemparés
Nicolas Lacroix, le président du Conseil départemental, a pris la mesure des problèmes en rencontrant les éleveurs ce 14 février. Il souhaite s’emparer du dossier en relayant l’alerte auprès de la Préfecture, la DDT et les institutionnels. Par exemple, Agnès Aubertin, 2e vice-présidente à la Chambre d’agriculture, se charge de répertorier tous les agriculteurs touchés en Haute-Marne. Des zones comme Noyers, Darmannes et donc Lecey sont déjà ciblées.
Nicolas Lacroix souhaite la mise en place d’études géologiques, de mesures de champs électromagnétiques et de cartographies pour connaître l’importance du phénomène et des conséquences sachant que l’élevage souffre déjà et que le renouvellement des générations n’est pas assuré.
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