Le Mans, France | AFP | lundi 04/11/2019 - Une douzaine d'éleveurs de plusieurs régions de France vont engager des procédures judiciaires pour faire reconnaître d'importants troubles, selon eux d'origine électrique, ayant un grave impact sur leur santé et celle de leurs animaux, ont-il annoncé lundi au Mans.
En cause selon eux: l'installation d'une antenne relais, d'une ligne à haute tension, d'éoliennes, d'un transformateur électrique, d'un parc photovoltaïque... à proximité de leurs élevages.
Plusieurs de ces éleveurs, membres de l'Association nationale des animaux sous tension (Anast), ont témoigné de leurs difficultés lors d'une conférence de presse, parfois les larmes aux yeux, certains ayant dû mettre la clé sous la porte.
Tous décrivent l'apparition subite de troubles du comportement chez leurs bêtes, une forte mortalité, des malformations, etc. Parfois, c'est l'éleveur lui-même qui est touché, souffrant notamment de migraines.
Alain Crouillebois, éleveur dans l'Orne, raconte comment ses ennuis ont commencé en 2011 avec l'enfouissement d'une ligne électrique de 20.000 volts à proximité de son élevage. Vaches qui refusent la traite, maladies, décès... Au total, il dit avoir perdu "plusieurs centaines de milliers d'euros".
C'est seulement lorsqu'il décide en 2019 de déplacer à ses frais une partie de la ligne qu'il constate une amélioration.
Une douzaine de plaintes pour "trouble anormal de voisinage" seront déposées d'ici à mars 2020 devant plusieurs TGI de France afin d'obtenir des indemnisations, a annoncé leur avocat, Me François Lafforgue.
"Il y a une organisation de l'opacité depuis de nombreuses années, on a rendu invisible ce qui aurait dû être porté à la connaissance de tous", a-t-il dénoncé, mettant en cause un "lobby électrique" qu'il compare à celui de l'amiante et des pesticides.
Pour le président de l'Anast, Serge Provost, "au moins des centaines d'éleveurs sont concernés" par ces troubles qui affectent leurs élevages.
Une action a également été engagée le 31 octobre contre le ministère de l'Agriculture devant le tribunal administratif de Paris pour que tous les documents du GPSE, le Groupement permanent pour la sécurité électrique créé en 1999 sous l'égide du ministère de l'Agriculture pour comprendre l'origine des troubles, soient communiqués à l'Anast.
"On a détourné le GPSE de son objet premier. Assez vite, ça a été un organisme chargé d'incriminer les éleveurs, de trouver des explications autres que celles qui paraissaient évidentes et de garantir la non divulgation des problèmes en leur faisant signer des clauses de confidentialité", a souligné Me Lafforgue, estimant qu'on "a essayé de cacher les problèmes aux autres éleveurs" et qu'on a "trouvé des solutions d'indemnisation quand on ne pouvait pas faire autrement pour éviter que le dossier aille en justice".
En 2015, la cour d'appel de Caen avait établi un lien de causalité entre une ligne à très haute tension et la baisse de la qualité du lait d'un éleveur de l'Orne, condamnant le distributeur RTE à l'indemniser.
"Jusqu'ici, le GPSE n'a pas établi de relation de causalité entre les symptômes relevés sur des animaux d'élevage et les ondes électromagnétiques", a réagi le ministère de l'Agriculture auprès de l'AFP.
"A réception du courrier de l'Anast, une expertise juridique a été engagée par le ministère de l'Agriculture et l'Alimentation, compte tenu de la complexité du dossier: le GPSE a en effet un statut d'association et perçoit des subventions publiques. Une réponse lui sera adressée dans les meilleurs délais", a ajouté le ministère.
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