À vendre maison à la campagne, avec vue sur éolienne!

Architecte à Luneray, il avait fondé en 2003, avec une dizaine « d’autochtones », l’A4CSV, l’Association des citoyens et contribuables de la communauté de communes de Saâne et Vienne. S’ils n’ont pas réussi, il y a neuf ans, à stopper la création du parc de Brachy, les membres de l’A4CSV ont deux succès à leur actif. « Nous avons fait sauter les projets de Royville et Lamberville », se félicite l’architecte de 66 ans. Celui de Lamberville devait voir une éolienne s’implanter « dans l’axe d’un château classé monument historique ». À Brachy, « les habitants ne se rendaient pas compte ». Guy Jousselin, de l’agence Jouss’Immo, a l’habitude des inquiétudes des potentiels acheteurs. Les biens qu’il propose à la vente sont essentiellement situés dans un rayon de 7 kilomètres autour de Luneray.« Ceux qui viennent acheter une résidence secondaire - les Parisiens, les Rouennais, et qui n’ont pas l’habitude des parcs éoliens ont un peu peur. » L’agent immobilier est installé à Luneray depuis 2011. Il prend l’exemple d’une maison de 110m² à Brachy : « elle a un point positif, sa belle vue dégagée, et un point négatif, la présence d’une éolienne à proximité ». Estimée à 150 000 €, elle perdra « entre 5 et 10 % de sa valeur » à la vente à cause des éoliennes. Cette baisse s’ajoute à « la règle générale des 10 % de ristourne négociables sur le prix d’une maison ». Le problème, « ce sont les gens qui avaient acheté leur maison alors que les éoliennes n’existaient pas, qui n’avaient rien demandé, et qui ont du mal à vendre... »Même les Hollandais, habitués des éoliennes et nombreux à être attirés par le pays de Caux, rechignent à investir. « Une maison proche d’un parc éolien mettra beaucoup plus de temps à se vendre, concède Guy Jousselin, ça bloque un peu ». La multiplication des projets en Normandie n’est pas pour rassurer. « J’ai vendu une maison à Quiberville, en prévenant l’acheteur de la rumeur de la construction d’un parc éolien », se souvient Guy Jousselin. « On verra bien », s’est résigné l’acquéreur.
« L’ACHETEUR S’ENFUIT EN COURANT »
À Fécamp, les cinq éoliennes du Cap Fagnet et le projet de parc en mer, de 83 machines, « n’ont pas d’impact sur les ventes », s’accordent Frédéric Blondel et Alain Coesnon, gérants des agences Laforêt et Maupassant. « Le problème se pose surtout en campagne », reconnaît le premier. « Ça gâche le paysage », déplore le second, rejoint par son confrère de Luneray : « Une éolienne, c’est impressionnant. On s’y habitue, mais on ne trouve jamais ça beau... » En plus des 165 éoliennes déjà actives ou en construction en Seine-Maritime et dans l’Eure, d’autres sont en discussion, notamment au Tilleul-Lambert ou sur la plaine de l’Étantot. À cheval sur les communes deSaint-Maclou-de-Folleville, Tôtes et Vassonville, ce projet de six éoliennes, prévu pour 2018, inquiète les professionnels de l’immobilier. Parmi eux, Sabine Leroy-Jay, responsable de l’agence Prism’Immo, basée à Auffay depuis 2000. « C’est évident que les maisons proches vont subir une importante décote », prévoit-elle. « Quand un acheteur arrive dans un village, comme à Montreuil-en-Caux où il y a des panneaux anti-éoliennes partout, il s’enfuit en courant ! » Des exemples, Sabine Leroy-Jay en a à profusion. « Il y a quatre ans, j’ai une vente qui a capoté à cause du projet éolien de Crosville-sur-Scie », rembobine la Normande. « La personne intéressée avait vendu sa maison parce qu’elle était proche d’une éolienne. » Il a refusé d’acheter : « Je n’ai pas vendu avec beaucoup de difficultés pour me retrouver avec le même problème », a-t-il justifié. Quatre ans plus tard, la demeure est toujours en vente. « Quand il s’agit d’un bien à 150 000 €, la moitié va fuir, l’autre moitié va négocier au moins cher, jusqu’à moins 30 % »,catégorise Sabine Leroy-Jay. « Certains clients sont prêts à mettre 400 000 € dans un bien, mais veulent zéro nuisance. »
SIMON LOUVETLe journal de l’époque
Le 28 juillet 2007, les 15 premières pales sont arrivées à Brachy. Le 18 août 2007, le Paris-Normandiesignale l’installation de la troisième des cinq éoliennes du parc exploité par la société Nordex et souligne la taille des machines. « Des éoliennes qui au final s’élèvent à 125 mètres et surprennent des habitants qui les découvrent dans un rayon de 20 à 25 kilomètres. » Le permis de construire a été délivré le 12 octobre 2006, les éoliennes sont en décembre 2007. « Il n’aura fallu qu’une année pour que le projet se concrétise », écrivions-nous. D’une puissance de 12 mégawatts, le parc de Brachy représentait alors un tiers de la puissance installée en Haute-Normandie en 2007. Fin 2015, la totalité des éoliennes haut-normandes a une puissance de 256 mégawatts. Chacun des quatre réacteurs de la centrale de Paluel a une puissance nette de 1300 MW.
source: http://www.paris-normandie.fr/actualites/economie/metiers-de-l-energie/a-vendre-maison-a-la-campagne-avec-vue-sur-eolienne-FM7619887#
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