Procrastination: Tendance à remettre au lendemain ce que l’on doit faire, par paresse, négligence, manque d’intérêt, etc...
(communiqué
de « Sauvons Le Climat », Président Eric Maucort, 19
août 2022)
La
presse a abondamment communiqué depuis quelques jours sur le
redémarrage de la centrale au charbon Émile Huchet de Saint-Avold,
dont les 600 MW de puissance constitueront un apport insuffisant mais
très précieux pour passer les pointes de consommation d’électricité
l’hiver prochain. C’est une mauvaise solution sous l’angle du
réchauffement climatique, la production d’électricité à partir
de charbon émettant environ 1 kg de CO2 pour chaque kWh
d’électricité produite. Mais le gouvernement a fait le choix
politique de privilégier l’alimentation en électricité du pays.
Rappelons
que la centrale de Fessenheim arrêtée en 2020 pour des raisons
politiciennes disposait de 1 800 MW de puissance et n’émettait que
4 g de CO2 par kWh produit. Elle apportait donc 3 fois plus de
puissance et émettait 250 fois moins de CO2
par kWh que la centrale de Saint-Avold que l’on s’apprête à
redémarrer en catastrophe actuellement. Cerise sur le gâteau, si
l’on peut dire : elle était en parfait état de marche, reconnue
par l'Autorité de Sûreté Nucléaire pour son excellent niveau de
sûreté et n’était en particulier pas atteinte par le phénomène
de corrosion qui affecte certains réacteurs plus récents, obligeant
à des réparations.
Il
est bon d’avoir une vision historique, fût-elle très récente :
le 22 février 2020, un «collectif» de ministres, secrétaires
d’État et parlementaires publiait une tribune intitulée :
«
La fermeture de la centrale de Fessenheim marque une étape
historique »
On peut notamment y lire :
«
La mise à l’arrêt de la centrale de Fessenheim incarne l’écologie
de responsabilité que nous portons. »
«
Tenir nos promesses, nous le faisons ce 22 février en arrêtant -
comme s’y était engagé le candidat Emmanuel Macron - le premier
réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim, suivi du second
réacteur le 30 juin. C’est un événement historique. Ce sera la
première fois que des réacteurs de seconde génération seront
fermés, un demi-siècle après le début de la construction du parc
nucléaire français. »
«
Cette accélération couplée à la maîtrise de nos consommations
énergétiques, notamment par la rénovation des bâtiments,
permettra de compenser la mise à l’arrêt progressive des quatre
dernières centrales à charbon et de quatorze des cinquante-huit
réacteurs nucléaires, sans mise en cause de la sécurité
d’approvisionnement ».
Parmi
les signataires de ces autoglorifications satisfaites mais totalement
déconnectées des réalités physiques et délétères pour le
climat et la sécurité d’alimentation du pays, on trouve notamment
:
Élisabeth
Borne, ministre de la transition écologique et solidaire,
actuellement première ministre ;
Pascal
Canfin, président de la commission Environnement du Parlement
européen, toujours en poste à Bruxelles ;
Sébastien
Lecornu, ministre auprès de la ministre de la cohésion des
territoires et des relations avec les collectivités territoriales,
chargé des collectivités territoriales, actuellement ministre des
armées ;
Barbara
Pompili, présidente de la commission du développement durable et
de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale,
ensuite nommée ministre de la Transition écologique en juillet
2020, actuellement redevenue députée ;
Emmanuelle
Wargon, secrétaire d’État auprès de la ministre de la
transition écologique et solidaire, battue aux dernières élections
législatives, qui vient, malgré les réticences parlementaires (43
voix pour, 48 voix contre) d’être nommée à la présidence de la
Commission de Régulation de l’Énergie (CRE).
Comme
chacun sait, « Gouverner, c’est prévoir ». On saluera donc ici
les exceptionnelles qualités de prévoyance de ces personnalités
qui occupent ou pourraient occuper à nouveau des postes éminents
dans la gouvernance du pays, notamment en matière énergétique. Ce
n'est pourtant pas faute, pour Sauvons le Climat et pour bien
d'autres, d'avoir alerté sur les risques de décisions qui oublient
les réalités scientifiques et techniques, pour ne retenir que les
visions idéologiques et politiciennes.
Plusieurs
des personnalités précitées ayant à nouveau la charge de
l’énergie, secteur stratégique s’il en est, une question
majeure se pose : ont-elles tiré toutes les leçons de leurs
errements passés ? Plus précisément, ont-elles enfin compris :
Qu’un
socle de production nucléaire majoritaire dans la production
d’électricité est indispensable et irremplaçable pour :
atteindre la neutralité carbone en 2050, objectif majeur s’il en
est ; le faire en disposant de suffisamment d’électricité pour
que la France reste un pays développé et ne sombre pas dans la
précarité énergétique ; conserver une électricité disponible à
la demande à un coût compétitif pour tous les consommateurs,
particuliers et professionnels, y compris les électro-intensifs,
condition indispensable d’une renaissance industrielle ;
Que
le nucléaire n’est donc pas «
une énergie de transition »
mais bel et bien une énergie d’avenir, les énergies éolienne et
photovoltaïque étant non seulement intermittentes, mais n’ayant
aucune chance, en dépit de progrès d’efficacité énergétique
et de raisonnables efforts de sobriété comportementale, tous deux
indispensables par ailleurs, de pouvoir satisfaire à elles seules
les besoins d’un pays de la taille de la France : il est temps
d’abandonner cette illusion ;
Qu’après
une décennie de dénigrement idéologique et politique de cette
énergie, il est impératif de lui redonner une image d’avenir
positive et réaliste auprès des jeunes générations de
chercheurs, d’ingénieurs, de techniciens et de compagnons, ce qui
pour ces derniers passe par la réhabilitation des métiers manuels,
qui font appel à des formes d’intelligence différentes, non
inférieures à bien d’autres, en dépit de préjugés très
français qui valorisent systématiquement le scribe par rapport à
l’artisan. Tout cela est indispensable pour attirer ces jeunes
générations dans ce secteur industriel très demandeur de
compétences, notamment dans la perspective de la construction de
nouveaux réacteurs dans les décennies à venir ;
Qu’une
politique nucléaire s’inscrit dans le temps très long et est
incompatible avec des « stop & go » dévastateurs. Une
politique cohérente et constante engagée pour plusieurs décennies
est impérative pour disposer à nouveau d’une recherche et d’une
industrie nucléaire procurant une indépendance énergétique
nationale dont on mesure actuellement l’immense valeur en Europe.
Il
est urgent que le gouvernement traduise en actes les récentes
déclarations du Président de la République soulignant l’importance
du nucléaire pour le climat et pour l’avenir de notre pays. La
crise énergétique que subit l’Europe, qui s’est trompée sur
toute la ligne dans sa politique énergétique promue par la
Commission européenne sous l’influence dominante des pays
anti-nucléaires et d’une idéologie « Verte » ignorant les lois
de la physique, est la preuve criante, s’il en était besoin, de
cette urgence.
Françoise
DUTHEIL