Le milliardaire vante une technologie propre, très sûre, et plus réaliste que les énergies renouvelables.
Le milliardaire, qui a toujours plaidé en faveur du nucléaire, avance deux arguments chocs en faveur de cette énergie: la lutte contre le changement climatique (le nucléaire ne produisant pas de gaz à effet de serre) et, paradoxalement, la sécurité.
Bien que les accidents de Tchernobyl ou Fukushima aient attiré l'attention du public, «le nucléaire est plus sûr que n'importe quelle autre source d'énergie», assure ainsi l'ex-patron de Microsoft.
Selon une compilation d'études citée par le site Visual Capitalist, le nucléaire provoque la mort de 90 personnes pour chaque 1.000 TWh produits, contre 100.000 morts pour le charbon, 36.000 morts pour le pétrole, 440 pour le solaire ou 150 pour l'éolien.
Quant aux énergies renouvelables tant adulées par les écologistes, elles seraient impossibles à mettre en œuvre à grande échelle, soutient le milliardaire. «Les énergies renouvelables [qui doivent être stockées car elles sont intermittentes] sont confrontées à un problème insurmontable: les batteries».
Et il sait de quoi il parle. «J'ai perdu plus d'argent que quiconque dans la technologie des batteries», rappelle l'investisseur, ajoutant immédiatement qu'il est toujours engagé dans cinq entreprises liées au stockage de l'énergie.
Mini-centrales, maxi-efficacité
En passant sur la question du stockage des déchets radioactifs, Bill Gates concède tout de même un défaut au nucléaire actuel: son prix faramineux.
En raison des normes de sécurité toujours plus strictes, une centrale nucléaire type EPR comme celle de Hinkley Point en Angleterre, construite sous la houlette d'EDF, coûte entre 24,3 et 25,4 milliards d'euros.
Sans compter qu'une telle centrale nucléaire met une dizaine d'années à être mise en service, lorsque des panneaux solaires ou des éoliennes peuvent être installés en quelques mois.
La solution viendra selon Bill Gates des mini-centrales nucléaires, modulables, plus sûres en cas d'incident et adaptées à une production décentralisée. Cela tombe bien: il a fondé en 2006 TerraPower, une startup qui projette de commercialiser des petits réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium liquide.
Bill Gates est coutumier d'aller à contre-courant du politiquement correct. Outre le nucléaire, sa Fondation finance aussi des programmes sur les moustiques génétiquement modifiés contre la dengue ou le virus zika, la contraception, et défend les OGM qui selon lui peuvent «résoudre la faim dans le monde». Entre les écologistes, les catholiques et les anticapitalistes, cela fait beaucoup d'ennemis potentiels.